Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/11/2006

J'ai lu le dernier livre de Roger Vicot sur la sécurité

Si Ernest Renan faisait partie des lectures favorites de François Mitterrand, Roger Vicot n’a pas hésité à réinviter l’auteur de la célèbre conférence « Qu’est-ce qu’une nation ? » dans le débat d’aujourd’hui. Pour exprimer avec force qu’une nation doit « désirer clairement continuer la vie ensemble ». Son thème, c’est la sécurité mais comme il l’affirme d’emblée : « Elle ne doit pas être uniquement perçue comme un élément de contrainte, voire d’inégalité ». Et d’enfoncer le clou : « Elle constitue un droit, dont les policiers sont les porteurs et les acteurs. Et un droit pour tous les citoyens ». A partir de là, l’auteur chargé des questions de sécurité à Lille et à Lomme –sa commune associée-, a bâti sa réflexion autour de 10 chapitres tous plus passionnants les uns que les autres. L’homme politique est de gauche et il ne manque pas de se référer à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen qu’il cite abondement en tête de chacun des chapitres pour mieux dénoncer « cette victoire sémantique et intellectuelle de la droite » qui a selon lui « réussi à faire croire que sécurité et ordre public sont synonymes ». C’est le mérite de ce livre que de chercher à convaincre que « la répression est nécessaire, que la prévention n’est pas le laxisme » et que les deux « ne sont pas incompatibles ». Finalement, l’auteur fait un plaidoyer argumenté d’une véritable sécurité universelle. Mais pour l’auteur, cette vision là s’inscrit à gauche d’où le titre sans équivoque de son livre : « Pour une sécurité de gauche : une sécurité républicaine contre la République sécuritaire » édité chez l’Harmattan dans la collection des « questions contemporaines ». Nous partageons sa philosophie quand il s’inscrit dans un humanisme intégral : « Une main tendue au cours d’une vie permet parfois d’éviter les pires dérives ». L’élu n’est pas naïf et il a l’actuel locataire de la Place Beauvau en ligne de mire : « Que certains gamins montrent des signes comportementaux inquiétants dès le plus jeune âge, c’est une évidence. Qu’on en déduise qu’ils sont de la graine de délinquant, de la mauvaise herbe (…) souligne une philosophie de la vie profondément inégalitaire ». Et Roger Vicot de lancer une décharge téléguidée : « La meilleure preuve que cela ne marche pas, c’est que personne n’a soupçonné, lorsqu’il avait trois ans, que Nicolas Sarkozy deviendrait aussi dangereux devenu grand ! ». Mais l’intérêt du livre n’est pas là. Il est bien dans les pistes tracées comme celle qui consisterait à « redéfinir le rôle et les missions de la police ». Pour Roger Vicot, les policiers méritent (notre) confiance et l’enjeu c’est bien « de faire de la proximité une dimension de la police ». Pas comme une option mais comme une dimension de base. Il cite en exemple les Koban japonais où sur 263.000 policiers, 85.000 sont affectés à cette mission de proximité. L’intérêt réside dans la formation des personnels et notamment « l’accueil et la prise en charge des victimes ». Et Roger Vicot de lancer un véritable pavé dans la mare : « Si la démocratie participative a un sens, que la police y … participe ». L’élu pense qu’il serait intéressant de faire des animateurs des comités de quartiers « des contacts réguliers de la police ». Nous sommes en phase avec lui quand il dit s’opposer à la présence policière dans les établissements scolaires, quand il oppose une France qui fait la guerre à la pauvreté et non pas aux pauvres, quand il espère une France qui reconnaisse tous les siens. Parfois l’auteur vante des perspectives qui se mettent en place comme les conventions tripartites (Villes-Clubs de Prévention-Conseil Général), véritables contrats. L’enjeu comme l’écrit l’élu : « Contractualiser le résultat humain, l’objectif à atteindre avec un jeune pris en charge ». Nous sommes enfin en phase quand il s’agit de se dire que la médiation sociale doit aujourd’hui faire l’objet d’une véritable reconnaissance sociale et que les efforts doivent porter sur la prévention précoce. C’est un point sur lequel nous avons convenu avec le vice-président du conseil général, à la veille de la réécriture de plan enfance-famille 2006-2011, de mettre l’accent. Comme nous sommes d’accord pour multiplier comme le suggère Roger Vicot d’accroitre les ALS (Acteurs de Liaison Sociale dans l’environnement Scolaire ». Le livre de Roger Vicot invite enfin à définir une grande politique pénitentiaire. Et là, « malgré les rapports parlementaires rédigés par des élus de droite et de gauche d’ailleurs, rien ne semble devoir bouger un jour ! ». Gageons que les temps qui viennent permettront d’engager des réformes pour que notre pays tourne le dos à cette triste réalité pointée du doigt par l’auteur dès le début de son livre : «  La France constitue aujourd’hui une exception en Europe. Nos prisons sont devenues au fil du temps de simples garderies à détenus (…) ». Bien d’autres points sont encore soulevés : la « marchandisation de la sécurité » et la « responsabilité des journalistes ». A ceux qui se prennent pour des metteurs en scène, il adresse enfin une mise en garde : « Faites du théâtre ou du cinéma ». Bref, vous ne perdrez ni votre temps, ni votre argent en achetant ce livre beaucoup moins polémique que ne pourrait le laisser entendre son titre. Non, Roger Vicot vient de commettre un livre utile au service d’une vision républicaine de la sécurité. Cette vision, je la partage dans ces grandes lignes. Je ne suis pas de droite. Suis-je pour autant de gauche ?  

 

17:55 Publié dans Lomme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, udf, bayrou, PS