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29/03/2004

29 Mars 2004 - Lendemain de campagne


Les élections régionales et cantonales viennent condamner la manière d’exercer le pouvoir en France


Tout a t-il été dit sur les résultats du dimanche 28 Mars 2004 ? La gauche triomphante doit maintenant se persuader que l’adhésion est là, tandis que la droite rejetée doit, dans la douleur, se préparer à des lendemains meilleurs : L’effet traditionnel du balancier qui au grès des vagues, fournit une fois sur deux sont lot " d’élus-surfeurs " atteignant les rivages du pouvoir politique avec l’apparat des " winners ".


Ce scénario tragi-comique apuré ne peut plus cacher certaines nouvelles réalités : la progression de l’audience électorale de l’UDF à l’occasion de ces élections intermédiaires, passant globalement de 7 à 12% des voix au 1er tour ; les limites de la logique d’union, ritournelle à droite; l’installation du vote FN comme un " vote du désespoir " et le manque d’adhésion du vote à gauche que traduit hélas cette formule éculée du " vote sanction ".


Ces données devraient relativiser l’enthousiasme des uns et adoucir les pleurs des autres. Car elles sont les symptômes visibles d’une longue maladie, qui ronge la France et désespère les Français. Cette maladie communément assimilée à une grave " crise de confiance " n’est rien d’autre que la traduction du conservatisme d’un système français, dont on a longtemps dit qu’il était incapable de renouveler son personnel politique. Force est de constater que si le renouvellement des élu(e)s est une étape de la reconquête, il ne saurait en être la condition essentielle. Les bataillons de nouveaux venus ne seront pas tous les zélateurs d’un nouveau modèle Français, et pour cause, ils sont trop souvent encore les produits du modèle ancien.


La condition essentielle qui serait un début de réponse à la crise de confiance reste dans une équilibre des politiques et le rassemblement des hommes. Nous le pensons depuis toujours et c’est ce qui fonde notre engagement politique. Cela suppose certes des compromis en laissant de côté toutes les formes de compromission. Difficile d’éluder à ce stade la responsabilité majeure du Président de la République qui a commis, à nos yeux, une faute inexpiable en 2002, celle de croire qu’avec la confiance de 80% des Français, on peut gouverner la France à droite avec des hommes de droite et des théories de droite.


La défaite de 2004 doit se lire dans ce choix incompréhensible, parfaitement déséquilibré et privilégiant l’affrontement des camps politiques. L’idée d’une France bipolaire avec des alternances démocratiques saines (comme dans certaines démocraties européennes) est indéfendable quand les indicateurs que sont l’abstention, le vote FN, le désarroi des électeurs sont dramatiquement dans le rouge. Ils obligent les acteurs à changer de vision, à élargir le champ des possibles alors même que des trains entiers d’élus conservateurs de droite et de gauche, et aussi de nombreux observateurs, continueront de voir dans les résultats de dimanche la persistance d’une France bi-polaire. Persistance n’est pas nécessité.


En réalité ou en profondeur, les Français viennent de condamner la manière binaire d’exercer le pouvoir en France. Ils viennent de rejeter l’idée d’un camp tout puissant et arrogant qui s’approprie le pouvoir. Mais finement, avec le seul et dernier pouvoir qui leur appartient, celui que confère le bulletin de vote, les Français viennent de rééquilibrer à leur manière le jeu des pouvoirs en France. Cette manière est imparfaite et les Français le savent.


C’est parce que majoritairement les hommes et les femmes politiques de ce pays continueront de faire les aveugles sur cette si triste réalité qu’il faut continuer à défendre l’idée qu’entre les deux camps, un espace d’équilibre et de justice est possible. Un espace où condamner n’est pas de rigueur mais où l’on s’attache à distinguer pour unir. Telle doit rester une philosophie pour toutes celles et ceux qui sont convaincus que l’humanisme est une valeur qui transcende les camps au service des hommes.

Une détermination plus forte encore doit animer celles et ceux qui croient pour l'avenir, dans la reconquête de la confiance à partir de l'espace central de la vie politique. Valérie LETARD aux élections régionales, en campagne sur le terrain et sur les plateaux médiatiques, a su faire passer le message avec panache. Idem pour tous nos candidats aux cantonales dans un contexte particulièrement difficile et à une échelle bien différente. C'est toute une génération nouvelle de citoyens-acteurs qu'il faut emmener pour dessiner avec l'UDF ce qui ne sera pas une simple vague mais une lame de fond.

Denis VINCKIER