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28/05/2008

Interview de Michel Aoun à L'Orient le Jour

1607435621.jpgLe général Michel Aoun apparaît aujourd’hui apaisé. Maintenant que le spectre de la présidence est écarté, il se sent soulagé d’un grand poids. Il affirme d’ailleurs avoir toujours été un homme libre, refusant la présidence lorsqu’elle lui était offerte sur un plateau, pour rester en harmonie avec ses idées et ses convictions. Aujourd’hui, il précise qu’il a tenu la promesse faite aux chrétiens. Et c’est à ces derniers, désormais, d’assumer leurs responsabilités. Détendu, il répond à toutes les questions avec toutefois une pointe de sarcasme. Il a beau déclarer s’élever au-dessus des critiques, il n’en conserve pas moins son ironie et son sens des formules. Il relève ainsi que l’élection présidentielle a réuni « l’axe du mal et celui du bien », et il conclut en affirmant que la finale de la partie se jouera en 2009.

Q - Comment vous sentez-vous après la fin du rêve de la présidence ?

R - « Je n’ai jamais eu ce rêve, n’en déplaise à certains médias. Je ne cherche d’ailleurs pas à convaincre de cela. L’essentiel étant que j’en sois convaincu moi-même. J’ai toujours agi selon mes convictions et j’ai refusé à trois reprises la présidence lorsqu’elle m’avait été proposée, notamment lorsqu’on voulait me donner la présidence sans la République. Sarkis Naoum l’a écrit dans son livre, lorsqu’il a relaté comment l’ancien président syrien Hafez el-Assad avait affirmé à Rafic Hariri qu’il n’avait pas d’inconvénient à ce que je sois élu à la présidence du Liban. Ce dernier lui avait même demandé s’il pouvait me rapporter ces propos en le citant. Et la réponse était venue affirmative. Les propos m’ont été rapportés et j’ai demandé : “On me donne la présidence, mais à qui donne-t-on la République ?” Quelques jours plus tard, c’était la guerre de libération, le 14 mars 1989...
La deuxième fois, j’ai renoncé à la présidence lorsque l’ancien ambassadeur des États-Unis Jeffrey Feltman me l’a offerte à condition que je brise mon entente avec le Hezbollah. Enfin, je l’ai encore une fois refusée lorsque, à la demande du président français Nicolas Sarkozy et de plusieurs ambassadeurs européens, j’ai renoncé à la présidence en contrepartie de mon initiative qui consistait à accepter mes revendications de réformes et à élire un président consensuel. On m’avait même alors suggéré d’être “le faiseur de rois, non le roi”. »

Q - Avez-vous des regrets ?

R - « Non, j’ai réalisé ce que je voulais. Il aurait sans doute pu y avoir un président plus fort et une plus grande harmonie entre mon bloc parlementaire et la présidence. Celle-ci peut encore se réaliser, mais elle dépend aujourd’hui de deux volontés, non d’une seule... »

Q - Quelles relations entretiendrez-vous avec le président Sleimane ?

R - « Quand on tient à la République, on tient aussi à la présidence. »

Q - Mais, selon les premières informations, le président compte se constituer un bloc parlementaire, en application d’ailleurs de votre propre théorie. N’y aura-t-il pas de rivalité entre vous ?

R - « Vous faites ainsi un procès d’intentions. Je suis parvenu à libérer la voix des chrétiens dans les élections législatives. Maintenant, ils doivent assumer leurs responsabilités et faire leur choix. À mon avis, ils doivent se soucier de rester unis pour former un important bloc parlementaire qui leur redonnera un rôle considérable dans la reconstruction du pouvoir. Par contre, ceux qui cherchent à les diviser veulent maintenir la situation actuelle et les laisser marginalisés. Si les chrétiens n’agissent pas en conséquence, ils laisseront passer une chance historique et se seront montrés incapables d’assumer leurs responsabilités. Je le dis sans le moindre embarras. J’ai fait de mon mieux pour eux. Ils doivent maintenant agir eux-mêmes. »

Q - Y a-t-il eu des arrangements discrets sur ces sujets entre vous et le président Sleimane ?

R - « Je n’ai conclu aucun arrangement avec qui que ce soit. J’ai donné gratuitement. Ce n’est pas avec des transactions commerciales que se bâtissent les nations, mais avec un don de soi et le respect des responsabilités de la part de ceux qui exercent un pouvoir moral ou effectif. »

Q - N’est-ce pas idéaliste pour un homme qui a une si longue expérience dans la politique ?

R - « Je suis idéaliste. Ceux qui ne le sont pas ne peuvent pas accomplir de grandes missions. Rappelez-vous que les “messages messianiques passent par la croix”. »

Q - Ne craignez-vous que le président ne réduise votre popularité ?

R - « Non, pas du tout. Je n’ai peur de rien ni pour rien. Je suis resté le même homme avec les mêmes convictions. L’équation est simple : si on ne veut pas de moi, on m’écartera à travers les élections. Mais le chantage selon lequel pour rester populaire, je devrais faire telle ou telle chose ne marche pas avec moi. C’est d’ailleurs pour préserver l’intégrité de tous ceux qui m’appuient que je reste ce que je suis. »

Q - Il y a quand même des risques que votre popularité au sein de l’armée baisse…

R - « Ma réussite dans la vie a souvent été causée par la fausse analyse de ma personnalité faite par mes adversaires et leur mauvaise évaluation de la situation réelle. L’armée est à l’image de la société, non le contraire. Ce n’est pas une force spéciale. Elle fait partie du tissu social. Cette équation ne peut être modifiée. »

Q - À Doha, vous étiez visiblement « le » problème ?

R - « Non, j’étais à la base de la solution. J’avais des idées et un projet clairs, connus de tous les Libanais. C’est l’autre partie qui modifiait ses projets et ses priorités. »

Q - Est-il vrai que vous avez reçu des enveloppes pour accepter l’accord ?

R - « En général, on récompense celui qui fait des concessions. Je ne crois pas que ce soit mon cas. »

Q - Certains disent que jusqu’à la fin, vous défendiez l’idée du gouvernement de transition...

R - « Pas du tout. Ce n’est que lorsque nous étions près de l’échec que l’opposition a fait cette proposition. Mais ce n’était pas un projet en soi. »

Q - Avez-vous, comme le disent certains, subi des pressions de la part de vos alliés et de l’Iran ?

R - « La seule pression exercée sur moi l’a été par mes responsabilités nationales. J’ai accepté la solution parce qu’elle est conforme à mes aspirations. Sinon, je ne l’aurais pas fait. Nul ne m’a donc contacté. »

Q - On dit que vos alliés subissaient les pressions iraniennes et qu’ils vous auraient dit : on ne peut plus continuer à vous soutenir ?

R - « Je n’ai pas eu cette impression. Au contraire, la décision m’appartenait et ils me soutenaient. Ils savaient aussi que ce que je demandais était raisonnable. »

Q - Vous avez quand même pris des sunnites, non des chiites, pour donner aux chrétiens ?

R - « Nous avons repris les découpages qui existaient en 1960. Comme à Beyrouth, il n’y avait pas de divisions administratives, nous en avons créé. Nous réclamions au début huit sièges pour les quartiers chrétiens regroupés dans une seule circonscription et nous nous sommes heurtés à l’opposition des FL. Nous avons finalement abouti au compromis que vous connaissez. »

Q - Mais à Baalbeck-Hermel et à Marjeyoun (régions à majorité chiite), la situation est restée la même ?

R - « Ces découpages existaient et les sièges chrétiens dans ces régions font partie du tissu social, comme le siège chiite de Jbeil et celui de Baabda. Alors que ce n’est pas le cas du siège maronite de Tripoli. Plus tard, il faudra sans doute des amendements pour redistribuer les sièges parlementaires. Maintenant, c’est trop compliqué. »

Q - Craignez-vous que le nouveau découpage ne soit pas adopté au Parlement comme prévu ?

R - « Non. L’entente de Doha bénéficie d’un appui international. Elle ne peut pas facilement être remise en cause. »

Q - Sincèrement, vous voyez-vous un jour en train d’appliquer « wilayat el-fakih » ?

R - « Je considère cette question comme une offense. Elle dénote d’un incroyable manque de confiance en soi et d’une réelle méconnaissance de la réalité libanaise. Je ne crois pas que le peuple libanais en soit là. »

Q - En évoquant Doha, les médias occidentaux parlent d’une victoire du Hezbollah, vous accordant le rôle du suiveur ?

R - « Ce n’est pas la première fois que les médias occidentaux évaluent mal la situation. D’ailleurs, c’est une des raisons de l’échec des Occidentaux dans la région. L’opposition était unie et avait les idées claires. C’est pour cela qu’elle a obtenu gain de cause. »

Q - Selon vous, y a-t-il un vainqueur et un vaincu ?

R - « Le Liban a vaincu à travers ceux qui ont défendu son unité nationale. »

Q - Pensez-vous que l’accord de Doha soit fait pour durer ?

R - « Je n’ai pas participé à l’élaboration de beaucoup d’accords. Il y a eu l’entente avec le Hezbollah qui durera longtemps encore et l’accord de Doha. Je crois qu’il sera aussi une réussite, car il ne laisse pas beaucoup de possibilités aux interprétations. Je ne voudrais d’ailleurs pas lier mon nom à un échec. »

Q - Que vous inspire la présence arabe et internationale à la séance d’élection ?

R - « Elle est la preuve de l’appui dont jouit l’accord. Mais le Liban a réuni pendant cette séance l’axe du mal et celui du bien. Ce qui montre bien à quel point les étiquettes de M. Bush sont fausses. »

Q - Croyez-vous que le gouvernement sera formé rapidement ?

R - « Cela dépendra des caprices... »

Q - On dit qu’il y a déjà un problème sur le portefeuille de la Justice, que vous réclamez, alors que la majorité le veut aussi ?

R - « Ce sont des rumeurs Nous ne sommes pas encore entrés dans les détails. »

Q - Avez-vous posé des veto sur certains noms de ministrables ?

R - « Non. Mais nous n’accepterons pas que le gouvernement soit taillé aux mesures de certaines personnes. »

Q - Vous êtes-vous entendus à Doha sur la déclaration ministérielle ?

R - « Non. »

Q - Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

R - « J’ai une bile qui fonctionne bien. Je suis détendu. Dans le contexte actuel, avec un président qui n’a pas beaucoup de prérogatives, il vaut mieux être ailleurs. La finale se jouera en 2009. »

19:54 Publié dans Liban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liban, modem, france, monde, actualité

22/05/2008

Accords de DOHA: communiqué du CPL/France

181490408.jpgLe Rassemblement Pour le Liban/France exprime sa satisfaction suite à l’accord inter-libanais conclu cette nuit à Doha (Qatar) qui a mis fin à la crise politique qui sévi dans le pays depuis 3 ans et qui a engendré le dernier conflit armé.

Le processus de Doha prouve que l’entente et le dialogue entre les différentes parties libanaises restent les seuls moyens possibles afin d’aboutir à des résultats tangibles. Ceci correspond d’ailleurs au fondement stratégique de l’action du Courant Patriotique Libre et de son leader le Général Michel Aoun qui n’ont eu cesse de le prôner depuis le début, face à la volonté de l’accaparation et de l’exclusion pratiquée par ladite « majorité » jusqu’à la dernière minute.

La solution actuelle répond aux exigences du CPL pour rétablir une meilleur représentativité politique et permettre à toutes les communautés qui composent le tissu libanais de reprendre part dans la décision nationale.

Le RPL souhaite saluer, en particulier, l’action du Général Aoun, ce grand Homme qui s’est battu pour le Liban dans le passé, qui se bat encore aujourd’hui et continuera sûrement à le faire dans l’avenir. Michel Aoun a accepté de se retirer personnellement de la bataille des présidentielles, malgré sa légitimité populaire et politique, en privilégiant le consensus interne. Le RPL espère que toutes les parties comprendront aussi bien l’intérêt de ce consensus, respecterons leur signature et s’engageront à mettre en œuvre toutes les étapes de cet accord.

Le RPL remercie enfin tous les pays qui ont contribué à la naissance de cet accord, en particulier l’Emirat de Qatar qui a été un interlocuteur objectif et neutre dans le vrai sens du terme.

Paris le 21 mai 2008

13:18 Publié dans Liban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liban, modem, abyrou, france, politique