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06/12/2004

Dans le Sillon des anciens

« Anarchiste du centre » et « égo-centriste » : ainsi aimait à se définir André DILIGENT face à ceux qui, de droite ou de gauche, le titillaient jalousement. Il y a incontestablement derrière une forme de boutade une part de la vérité d’un homme qui laissera dans cette région une empreinte durable. Pour toutes ces raisons, j’ai ressenti avec le départ d’André DILIGENT, et c’est le cas aussi de tous nos militants, la douleur de la perte de celui qui nous guidait et officiait en tant que repère. Brusquement tout est devenu obscur, le phare que nous regardions s’était éteint, nous étions comme vidés de nos espoirs et de nos promesses. Nous étions devenus des orphelins.

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Ce qui me frappe, moi qui ait travaillé assez longuement avec l’un et qui ait appris à connaître l’autre, c’est une forme de parallélisme saisissant entre ces deux Sénateurs du Nord, que deux générations séparent. Je ne pense d’ailleurs pas qu’ils aient eu à se rencontrer souvent. Tout pouvait distinguer celui qui eut le privilège d’être doyen de cette vénérable institution qu’est le Sénat et qui était issu de la démocratie chrétienne et celle qui à la faveur des dispositions nouvelles de parité obligatoire, s’est imposée comme la benjamine « sympathique et bosseuse » du Sénat tout en étant issue du parti social-démocrate (Formation laïque, émanation historique du parti socialiste démocrate qui avait réuni les socialistes hostiles au programme commun de la gauche). Le mérite de cette soudaine alchimie revient à François BAYROU qui suggéra de fonder une nouvelle UDF, unifiée politiquement mais qui respecte les histoires de chacun. Cette construction là posa ses fondations chez nous, au Congrès de Lille en 1998. Inutile d’insister plus longtemps pour reconnaître que cette combinaison a forcé le destin, à la fois de l’UDF dans le Nord mais bien au-delà.

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J’ai vécu des deux côtés du Mur de Berlin, ce mur qui sépare la France politique en deux camps opposés. Je me suis engagé en politique à 18 ans, le mur de la honte s’effondrait à l’Est. C’est parce que je suis convaincu qu’il tombera aussi en politique française, que je ne suis définitif en rien dans mes jugements. En quinze années de militantisme politique, des deux côtés du mur, j’ai tenu avec constance le même discours. Venant d’un camp et donc d’un territoire de droite, je me suis installé dans le camp d’en face qui correspondait au territoire voisin, de gauche. Mais je n’ai pas trahi, je ne me suis pas compromis. J’ai simplement franchi le mur de l’affrontement gauche/droite par l’élection, le dernier rempart qui honore la politique sans déshonorer les tyrans. J’ai ainsi appliqué ce vieux proverbe chinois rapporté par l’un des nôtres: « Ne pas hésiter à aller semer dans le champ du voisin, surtout s’il est à l’ombre ».

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Si il y a bien un virus qu’André DILIGENT nous a transmis, c’est bien celui de militer sans cesse, d’être des « militants exigeants et authentiques ». Dans sa conquête de Roubaix, l’esprit d’équipe lui a rendu de grands services. Et je médite toujours ce fameux soir de 1983 que je n’ai pas vécu, où il est élu au 1er tour, c’est à dire avec plus de 50% des voix ! 5 minutes de bonheur pour des milliers d’heures de travail ! Mais à l’origine de cette victoire éclatante, il y avait cette énorme volonté, celle des militants du GAR (Groupement d’Action Roubaisienne). Je suis intimement convaincu qu’en politique, il faut tout ramener à cette volonté là. Dix militants sincères valent aussi bien que deux cents adhérents, avançant la rose au poing et chantant des refrains d’une autre époque.


Extraits du livre à paraître “Dans le Sillon des anciens” de Denis Vinckier

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