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02/03/2006

Ma position sur l' A 24

Je mets ici en ligne ma réponse à Michel DELEPAUL, maire de Bois Grenier, qui m'a demandé ma position sur ce dossier.

Lomme le 1er Mars 2006

Monsieur le Maire,

 

J’ai bien reçu votre lettre dans laquelle vous prenez position contre l’ A 24 et vous me demandez ma position sur le projet. Comme vous avez sûrement adressé la même lettre à mes collègues conseillers généraux et au député de la circonscription, je vous réponds en leur adressant copie de ma lettre ainsi qu’aux maires des communes de mon canton et aux élus de Lille Métropole Communauté Urbaine.

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble important de rappeler certains points relatifs aux déplacements internes à l’agglomération lilloise (2 millions de déplacemements / jour).

 

Tout le monde est d’accord pour inverser des tendances lourdes. Vous n’êtes pas dans le périmètre de la communauté urbaine mais à sa porte. Vous savez déjà ou je vous l’apprends, mais les décideurs de LMCU ont anticipé ces évolutions modales avec un Plan de Déplacements Urbains (PDU). La répartition modale en faveur des transports en commun affiche une ambition claire : passer de 8% à 15% dans les meilleurs délais. C’est un enjeu auquel les élus sont accrochés et j’entends encore Paul Astier expliquer : " Nos concitoyens ont une fringale de déplacements, malgré 2 milliards d’euros pour les transports publics en 10 ans, on a tout juste pu conserver la part de marché des tranports en commun à 10% ".

 

Vous voyez le chemin à parcourir au regard des sommes déjà mises en jeu. Dans les villages de la communauté de communes, dans leur très grande majorité, vos habitants utilisent la voiture parce que vous êtes hors périmètre LMCU et que vous n’avez pas en tant que communauté de communes les moyens d’un P.D.U ambitieux.

 

A ce stade, je me permets une première interrogation : n’avez-vous pas, au regard même de cette problématique des déplacements, vocation à rejoindre Lille Métropole Communauté Urbaine ? Histoire de mettre en accord les discours et les actes.

 

***

 

S’agissant de la problématique de l’autoroute, nous devons avoir en tête quelques éléments objectifs sur la mobilité.

 

  • Elle va progresser de 40% pour les personnes comme pour les marchandises d’ici 2020. On prévoit même une progression de 80% chez nos voisins, ceux là mêmes dont on vante toujours les mérites. J’y reviendrai.
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  • L’enjeu d’une autoroute dans la métropole c’est bien de permettre à plus de 11.000 camions/jour d’éviter les bouchons de la métropole mais aussi de désengorger l’A 1, la Voie Rapide Urbaine (VRU), la RN 41 et la rocade nord-ouest des flux routiers de transit.
  •  

 

Nous devons également avoir en tête quelques éléments objectifs sur l’intermodalité.

 

Tous les états européens qui ont développé des politiques très volontaristes de développement du rail et dans une moindre mesure des voies navigables, sont nettement mieux équipés que la France en autoroutes. Il n’y a aucune incompatibilité entre une politique de développement durable, donnant sa préférence au réseau ferroviaire ou à la voie d’eau, et un réseau autoroutier varié et de qualité.

 

***

 

Je croyais sincèrement que nous partagions l’ensemble de ces préoccupations. C’est la raison pour laquelle je me dois de marquer mon étonnement sur le premier point de votre lettre, à savoir votre diabolisation de l’autoroute. Sous cette forme, elle est récente, puisque aussi loin que je replonge dans mes archives, je relis :

 

  • Voix du Nord, 9 Novembre 2003 : " L’A 24 ne devrait passer que derrière la zone industrielle à la limite du territoire. A priori, nous ne sommes pas concernés. Mais en réalité, nous ne savons rien, le projet de tracé n'est absolument pas figé. (…) La meilleure solution, ce serait le passage en déblai qui piège le bruit ". Michel Delepaul.
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  • Voix du Nord, 18 janvier 2006 : " Les élus souhaitent le maintien du tracé historique, si l’A 24 doit se faire, avec une intégration environnementale de très haute qualité ". Michel Delepaul.
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  • Voix du Nord, 19 Janvier 2006 : " S’il y a A 24, c’est le tracé historique ou rien ! Il n’y a pas de raison que les Weppes soient massacrées au profit des populations urbaines ". Michel Delepaul.
  •  

 

S’agissant des Weppes, je note que depuis longtemps le maire d’Englos, Jacques Pastour, s’est positionné pour cette autoroute nouvelle. Idem pour Frédéric Motte, le maire de Beaucamps-Ligny. Idem pour Jules Hayart, maire d’Herlies, commune directement concernée par le tracé historique. Ce dernier déclarait encore récemment : " Ma démarche n’est pas de rejeter chez les autres ce que je ne veux pas chez moi. J’attends des arguments. (…) S’il doit s’y maintenir (le tracé historique), il faut que le territoire en ait des avantages, à savoir une desserte, pour favoriser son développement ".

 

A ce stade, il me semble normal de poser une seconde question. Le temps n’est-il pas venu pour les élus des Weppes de se fédérer ? J’ai, en ce qui me concerne, suggérer voici des mois, la constitution d’un SIVOM des Weppes qui pourrait englober de nombreuses communes du Pays de Weppes et être à la fois une instance de concertation et de promotion de notre territoire, notamment au sein du territoire métropolitain.

 

Le dernier épisode en date de la piscine ne démontre t-il pas l’urgence d’une telle structure de concertation ? Le souhaitez-vous, oui ou non ? Dans ces conditions, nous pourrions avoir une véritable vision de notre territoire et défendre une vision commune sur une infrastructure telle que l’A 24 dont l’enjeu dépasse de loin les seuls intérêts de la communauté de communes que vous présidez.

 

La seule structure informelle qui existe ce sont les réunions épisodiques organisées par le député de la circonscription. Sur le projet d’autoroute, elles ont amené des prises de position que je n’ai pas personnellement cautionnées. C’est la raison pour laquelle, là encore, je voudrais rafraîchir les mémoires :

 

  • Compte-rendu du 5 juillet 2004, vous étiez parmi les présents. " En conclusion de cette réunion, Yves Durand propose la commission d’un groupe de suivi d’élus des secteurs afin de rencontrer le directeur régional de l’équipement pour lui exposer la position de l’ensemble des maires de la 11ème circonscription. S’agissant de la définition du fuseau du futur tracé, dont l’étude sera menée dans le courant du second semestre 2004, les élus demandent d’élargir la zone d’étude au département voisin du Pas de Calais avec un raccordement à la RN 58 belge au nord-ouest d’Armentières ". Cela ne s’invente pas.
  •  

  • Compte-rendu du 22 octobre 2004. D’abord vos propos : " Michel Delepaul est également favorable à l’ A 24 sous réserve d’une négociation préalable pour sa parfaite insertion dans l’environnement. C’est la raison pour laquelle il est pour anticiper la décision de l’Etat en proposant un faisceau de tracé ".
  •  

  • Suite à cette réunion, un courrier est parti au Ministre Gilles de Robien : " Les élus se sont déclarés très favorables à cette liaison autoroutière au sein du territoire métropolitain, rappelant au passage que cette liaison peut remédier à des difficultés de circulation désormais quasi-constantes de plus en plus aiguës et dangereuses sur l’A 25, à l’entrée de Lille, sur la rocade nord-ouest de Lille déjà saturée, sur l’A 22 où la circulation est de plus en plus problématique et sur le réseau des principales infrastructures reliant les " pôles urbains " que constituent Armentières et la Bassée " d’une part. D’autre part, elle peut " offrir des perspectives de développement induit, liées à la liaison améliorée de Dunkerque à la Plate-forme Delta 3 de Dourges, liées à l’amélioration de la liaison sur le Versant Belge métropolitain, Lille et le Bassin minier, dont nous savons que la coopération de plus en plus active constituera un atout majeur de développement d’intérêt national ". Et Yves Durand de conclure à l’adresse du Ministre : " Ce contexte, vous l’avez compris, plaide pour l’adoption d’un tracé métropolitain que les élus attendent avec sérénité et engagement ".

 

Pas un élu n’a démenti ces propos et la lettre est bien partie au Ministère. L’élu UDF que je suis, et le compte-rendu l’atteste, a " posé le problème de l’échelle du débat ". Denis Vinckier " aurait préféré un débat au niveau du département rappelant la proposition de Madame Létard, Sénatrice, sur un tracé plus à l’ouest de la métropole ".

 

Compte-tenu de tous ces éléments, une autre question me vient naturellement à l’esprit : pourquoi revenir aujourd’hui sur ce qui a été une position unanime des maires ?

 

Est-ce la peur des électeurs ? Si c’est le cas, il me semblait au contraire que l’enjeu de la politique était de rechercher des solutions à des problèmes complexes, en organisant des concertations et en étant garant de l’intérêt général. Pourquoi personne n’a voulu défendre le tracé par la Flandre ? Parce que vous étiez, les maires, collectivement favorables au tracé métropolitain.

 

***

 

En ce qui me concerne, je suis vacciné sur les revirements de dernière minute puisque le propre président de ma formation politique a opéré un virage spectaculaire sur cette question. Le même qui déclarait avec nous le 25 juillet 2004 que l’A 24, " véritable autoroute de transit pourrait se connecter sur l’autoroute Ypres-Courtrai ", était aussi convaincu que " la connection en métropole conduirait inévitablement à la thrombose ". Il est aujourd’hui contre l’autoroute.

 

Ce revirement d’un élu UDF m’a beaucoup surpris et marqué car le Ministre de l’Equipement avait intégré la dimension que nous défendions de concert, députés et sénateurs de l’UDF, conseillers généraux UDF, conseillers régionaux UDF, maires UDF, en métropole et dans la Flandre. La preuve est fournie par sa lettre du 21 janvier 2005 à Monsieur le Préfet de Région, dans laquelle il précisait : " Les études seront menées en recherchant sur un périmètre large à l’ouest de l’agglomération lilloise, un tracé neuf ou des aménagements des voies existantes. Ce périmètre est limité :

 

  • A l’est, entre Lille et Lens, par les RN 47 et RN 41 jusqu’à l’autoroute A 25 et au nord de Lille par l’autoroute A 22 jusqu’en Belgique
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  • A l’ouest , par un tracé qui permettrait d’envisager un branchement en Belgique sur la liaison Ypres-Poperinge-Steenvorde ".
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Et c’est parce que notre conviction était faite que nous avons demandé " que les services de l’Etat étudient d’autres possibilités que le tracé historique ". Les services de l’Etat ont fait ce travail que je me dois de saluer.

 

En effet, les documents de travail remis dernièrement à Amiens sont d’une grande qualité et un véritable outil d’aide à la décision que je vous invite à lire ou relire. C’est certainement la raison pour laquelle Marc-Philippe Daubresse, autre défenseur du tracé métropolitain (mais hors de son territoire d’élection) est allé en Flandre fin janvier déclarer : " Nous sommes contre l’A 24 dans les Flandres. Nous ne l’avons jamais demandée, sollicitée ". Voix du Nord Hazebrouck, 31 Janvier 2006. Lui non, vous non, mais nous UDF, oui.

 

Nous avons donc un vrai regret, c’est que cette opportunité du tracé en Flandre ait trouvé bien des détracteurs métropolitains et peu d’avocats locaux, le président du SCOT et maire d’Hazebrouck ayant trop tardé à prendre une position claire sur le sujet.

 

Ces points de contexte étant reprécisés, j’en viens donc à ma conclusion  :

 

Je reste favorable au principe de l’autoroute tel qu’énoncé dans le cahier des charges du Ministère de l’équipement :

  • Compléter l’offre de transport existante dans les régions Nord Pas-de-Calais et Picardie et offrir un itinéraire alternatif à l’A1 en améliorant le maillage du réseau.

 

  • Placer Amiens et la Picardie sur un nouvel axe d’échange et offrir à Lille et au Nord Pas-de-Calais une nouvelle ouverture sur la façade maritime.

 

  • Faire bénéficier les déplacements correspondants d’un bon niveau de service propre à réduire l’insécurité routière.
  •  

 

J’ai, dans ce cadre, défendu un passage de l’A 24 dans la Flandre avec une vision d’aménagement des territoires. Il semble cependant que ce tracé ne réponde que trop imparfaitement à l’enjeu qui consiste à dévier massivement le transit qui engorge la métropole lilloise. Je veux bien me ranger à cet argument même si pour moi le doute subsiste car il y a une logique à construire une A 24 parallèle à l’A 1.

 

Nous devons donc envisager un tracé métropolitain, celui que plébiscitent depuis longtemps de nombreux élus y compris des Weppes (Je ne refais pas ma démonstration).

 

J’avais cru comprendre qu’un raccordement de l’A24 à la route nationale 58 du réseau Belge n’était pas compatible avec le schéma de structure d’aménagement de la Flandre. C’était semble t-il, une des conclusions du rapport de la commission particulière du débat public.

 

Je continue de penser que la connexion d’une autoroute française à une route nationale belge, créera, sans dispositions nouvelles, inévitablement un véritable étranglement. C’est ce que semblait confirmer tout récemment Gilbert Deleu, bourgmestre de Comines-Warneton (Nord-Eclair 17 Février 2006) : " Je suis opposé au raccordement de l’A 24 à la RN 58 sauf si le trafic léger y arrivait. La route express telle qu’elle est n’est absolument pas prévue pour accueillir de nombreux camions. Le pont du Badou est à deux bandes, la RN 58 comporte 5 ou 6 ponts. Bref techniquement, ce n’est pas faisable ".

 

Mais il y a un temps pour le diagnostic, un temps pour le débat et un temps pour l’action.

Sur ce dernier point, le Directeur Régional de l’Equipement, présent lors de la réunion que vous avez organisée à Radinghem-en-Weppes, a précisé que des études sur ce point étaient aujourd’hui lancées en partenariat avec les autorités belges. Nous devons en prendre acte. .

Il faut donc selon moi se pencher maintenant sur cette solution avec un esprit de responsabilité. C’est ce à quoi je vous invite ainsi que l’ensemble des élus de Weppes.

Il faut en finir avec les numéros de claquettes devant nos concitoyens. L’heure est au courage politique !

Restant à votre disposition, je vous prie de croire, Monsieur le Maire, en l’expression de mes cordiales salutations.


 

Denis Vinckier

Conseiller Général du Nord


 

  • Copie aux maires de la communauté de communes des Weppes
  • Copie à Bernard Haesebroeck et Philippe Waymel, Conseillers Généraux
  • Copie à Yves Durand, Député du Nord, Maire délégué de Lomme
  • Copie aux élus de LMCU

Commentaires

Est il possible d'avoir quelques précisions sur les 11000 camions par jour dont tu parles?
Est ce la totalité du trafic journalier sur tout le secteur?
si oui, quelle est l'objectif de trafic repris par la A24 si elle est ouverte?
A t'on aussi les chiffres des voitures particulières?
merci

Écrit par : Philippe | 02/03/2006

Bonjour Philippe,
C'est le chiffre du trafic journalier PL qui correspond à 1% des déplacements de l'agglomération. On estime par ailleurs à près de 2 millions le nombre de déplacements internes tout compris. L'enjeu du trafic repris est bien un enjeu. Je te confirme des chiffres plus précis dans la journée. Amitiés. Denis

Écrit par : denis vinckier | 03/03/2006

Enfin un Politique qui assume ses choix clairement:
Bravo et merci.

Il ne faut pas oublier qu'à l'autre bout, l'autoroute A24 termine piteusement sa course dans une banlieue parisenne en état de congestion permanente.

C'est ce qui manque à l'ensemble du projet A24 pour lui donner une dimension stratégique et attirer l'intérêt européen au sens large.

Un vrai travail reste à faire:

Il faut mettre en chantier ce que toute la France et l'Europe du Nord attend depuis 50 ans, les 80 km de contournement par l'OUEST de l'Île de France en continuant l'A24 jusqu'à l'A10.


Entre Méru et Rambouillet, il s'agirait d'un lien essentiellement à construire en rase campagne à l'exception d'une traversée de la Seine près des Mureaux.


Pourquoi persister à faire transiter par l'Est parisien l'essentiel du trafic -marchandises et hommes, trains et voitures- entre d'un côté Benelux et Grande-bretagne et de l'autre Sud et Sud-Ouest, Espagne et Maroc ?


Ensuite, réalisant d'emblée un triple axe Autoroute-TGV et Ferroutage sur ce nouvel axe, on pourra parler d'investissement structurel d'intérêt français et européen, citoyen et collectif.


Incidemment un tel projet désengorgerait durablement le pourtours parisiens, et ces millions d'heures perdues.

M de Robien, ès qualités et qui a tant fait pour désenclaver Amiens, aurait ainsi la paternité d'un vrai projet structurel.


T. Degeorges

180 rue de l'Eglise
59320 Erquinghem le Sec

0320 447101

Écrit par : Thierry Degeorges | 30/03/2006

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