Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/11/2007

Le 5 octobre 1958 : l'appel de Charles Hélou au Libanais, plaidoyer pour la fraternité

f611964e6b223ebfdfb0b68da004b08d.jpg« La gravité de la situation ? Chacun de nous s’en rend compte. Chacun de nous sait que ce qui est en cause, c’est le destin du Liban, c’est le “vouloir vivre en commun” des Libanais et un ensemble de valeurs qui font que la vie mérite d’être vécue. Les origines du drame et les responsabilités qu’il met en cause ? Ce n’est pas ce problème que je vais maintenant aborder puisque c’est ce problème-là qui ajoute à nos divisions – et, puisqu’à tour de rôle chaque moitié de la population a cru pouvoir s’insurger pour ce qu’elle a considéré comme la défense du Liban. »

Les moyens “d’en sortir”, voilà ce qui doit préoccuper chaque Libanais en ce moment. “En sortir” dignement, équitablement, sans amertume de part ni d’autre, sans esprit ni besoin de revanche. Retrouver la paix comme avant, le travail comme avant, se retrouver comme avant unis et fraternels. Pour “en sortir”, les ressources de ce pays sont immenses. Non point seulement ses ressources économiques (qui s’épuisent moins facilement que ne l’auraient cru bien des experts), mais d’abord et essentiellement ses ressources morales. Malgré les tristesses et les deuils, malgré les excès et les violences, une même volonté de durer et de faire durer cette commune patrie, une volonté de survivre ensemble, venue du plus profond de tous les citoyens, renouvelle chaque matin son œuvre opiniâtre de rapprochement, de conciliation, d’unité.

De cette sagesse et de cet élan qui sont l’élan et la sagesse de la vie elle-même, en face de tous les risques de désagrégation, nous avons chaque jour quelque preuve nouvelle. L’une des plus éloquentes, à mes yeux, est bien celle que viennent de nous donner spontanément les journalistes de toutes tendances en décidant de se rencontrer pour un engagement d’honneur, pour un essai et pour un exemple de réconciliation nationale. On verra, par ailleurs, les modalités de leur accord. Qu’ils aient eu, en même temps, l’idée de laisser l’un de leurs plus anciens confrères, maintenant ministre de l’Information, publier un même éditorial dans tous les journaux d’aujourd’hui montre aussi à quel point, dans les circonstances les plus dramatiques, l’esprit d’abnégation et la plus grande délicatesse peuvent s’épanouir. Je ne voudrais pas abuser de cette liberté qui m’est laissée. Je voudrais seulement dire que ce que les journalistes, en dépit de leurs divergences d’opinion, ont pu réaliser aujourd’hui, le pays tout entier peut le réussir merveilleusement demain.

De part et d’autre, la presse a eu ses martyrs. La rencontre des journalistes n’en est que plus méritoire, plus significative, plus émouvante. Entre Dikran Tosbath et Abdallah Machnouk, entre Georges Ameira du Amal et Assad Mokaddem du Siassat et même, parmi les modérés, entre Ghassan Tuéni, René Aggiouri, Toufic Metni et tous les autres, les représentants du Hayat et du Yom, le pacte qui s’est conclu en présence des présidents des deux syndicats de la presse n’est pas un pacte d’abdication des principes, mais de conciliation et d’apaisement. Une réunion comme celle des journalistes, aujourd’hui, ce sont toutes les fractions du pays qui peuvent, qui doivent la tenir à brève échéance.

Nous sommes, de par notre structure, le pays des divergences inévitables et de l’union nécessaire. Nous n’avons le choix qu’entre la fraternité ou la mort. C’est bien cette conviction commune à tous les Libanais qui explique la dernière élection présidentielle et le choix de l’homme devenu, pour nous tous, le symbole même de l’unité nationale et l’arbitre naturel de nos difficultés et de nos conflits. La réconciliation nationale, qui doit intervenir dans l’ordre, dans la justice et le respect de l’autorité, ne peut être que l’œuvre du compromis politique et de l’arbitrage. »

Commentaires

Bonjour Monsieur Vinckier,

C'est bien joli les beaux discours, et ça fait très libanais.
Mais part la faute de l'intransigence d'Aoun, le pays va plonger dans l'inconnu dans les heures qui viennent et le général aura une très grande part de responsabilité dans tout ce qui peut arriver...

Bien sûr, il n'est pas le seul coupable, mais son obstination à vouloir être président vient de passer avant l'intêret du pays.
J'espére que par sa faute, vous n'aurez pas dans les semaines qui viennent à téléphoner en préfecture pour essayer de faciliter l'obtention urgente de visas...

Cordialement

Rumicourt

Écrit par : rumicourt | 22/11/2007

Bonjour Rumicourt, je vous ai connu plus nuancé, plus profond aussi dans vos réflexions. Je ne crois pas que Michel AOUN s'obstine. Je crois qu'il est le seul à avoir intégré la modernité dans son discours politique. Il souhaite être le garant de l'unité nationale en rassemblant des suffrages au delà de sa propre communauté. Mais vous le savez très bien, et hélas, dans ce pays, ce n'est pas le peuple qui fait le président mais ce sont les puissances extérieures, qui sont, et vous le savez aussi, à l'oeuvre. Michel Aoun est de ceux qui veulent résister à ces pressions de tous ordres, il est de ceux qui veulent un Liban libre et indépendant. Il y a cher Monsieur une preuve qui ne trompe pas, c'est l'attachement d'une très grande partie de la jeunesse à Michel Aoun. La jeunesse veut entrevoir un avenir au Liban.

Écrit par : Vinckier | 23/11/2007

Bonjour Monsieur Vinckier,

Avant d'avoir vu la photo avec Aoun, je ne savais pas que vous étiez si proche de lui et je comprends mieux votre attachement à sa personne.

Certes, il a essayé de regrouper les Libanais entre eux en s’alliant avec les chiites, mais ces dernières semaines, il vise surtout la place de président et je pense qu’il s’obstine au détriment de l’intérêt du Liban.

Sur votre dénonciation des ingérences extérieures, je suis bien d’accord avec vous, mais ce n’est pas en s’alliant avec le bras armé de l’Iran que Aoun risquait de se faire entendre…

Sur la jeunesse libanaise derrière le général, une partie seulement des jeunes chrétiens, et pas du tout une très grande part des jeunes libanais comme vous l’écrivez. Il n'y a qu'à lire les résultats et les conditions de vote aux dernières élections étudiantes, avec des bagarres entre membres du CPL et des FL à Saint Joseph et le culte de certains jeunes pour les Gemayel ou l’enturbanné. Les jeunes libanais fuient en massent le Liban depuis longtemps, et ça ne risque pas de changer avec l’obstination d’Aoun.

En espérant que le calme continu encore longtemps à Beyrouth…

Rumicourt.

Écrit par : rumicourt | 24/11/2007

Les commentaires sont fermés.