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28/05/2008

Interview de Michel Aoun à L'Orient le Jour

1607435621.jpgLe général Michel Aoun apparaît aujourd’hui apaisé. Maintenant que le spectre de la présidence est écarté, il se sent soulagé d’un grand poids. Il affirme d’ailleurs avoir toujours été un homme libre, refusant la présidence lorsqu’elle lui était offerte sur un plateau, pour rester en harmonie avec ses idées et ses convictions. Aujourd’hui, il précise qu’il a tenu la promesse faite aux chrétiens. Et c’est à ces derniers, désormais, d’assumer leurs responsabilités. Détendu, il répond à toutes les questions avec toutefois une pointe de sarcasme. Il a beau déclarer s’élever au-dessus des critiques, il n’en conserve pas moins son ironie et son sens des formules. Il relève ainsi que l’élection présidentielle a réuni « l’axe du mal et celui du bien », et il conclut en affirmant que la finale de la partie se jouera en 2009.

Q - Comment vous sentez-vous après la fin du rêve de la présidence ?

R - « Je n’ai jamais eu ce rêve, n’en déplaise à certains médias. Je ne cherche d’ailleurs pas à convaincre de cela. L’essentiel étant que j’en sois convaincu moi-même. J’ai toujours agi selon mes convictions et j’ai refusé à trois reprises la présidence lorsqu’elle m’avait été proposée, notamment lorsqu’on voulait me donner la présidence sans la République. Sarkis Naoum l’a écrit dans son livre, lorsqu’il a relaté comment l’ancien président syrien Hafez el-Assad avait affirmé à Rafic Hariri qu’il n’avait pas d’inconvénient à ce que je sois élu à la présidence du Liban. Ce dernier lui avait même demandé s’il pouvait me rapporter ces propos en le citant. Et la réponse était venue affirmative. Les propos m’ont été rapportés et j’ai demandé : “On me donne la présidence, mais à qui donne-t-on la République ?” Quelques jours plus tard, c’était la guerre de libération, le 14 mars 1989...
La deuxième fois, j’ai renoncé à la présidence lorsque l’ancien ambassadeur des États-Unis Jeffrey Feltman me l’a offerte à condition que je brise mon entente avec le Hezbollah. Enfin, je l’ai encore une fois refusée lorsque, à la demande du président français Nicolas Sarkozy et de plusieurs ambassadeurs européens, j’ai renoncé à la présidence en contrepartie de mon initiative qui consistait à accepter mes revendications de réformes et à élire un président consensuel. On m’avait même alors suggéré d’être “le faiseur de rois, non le roi”. »

Q - Avez-vous des regrets ?

R - « Non, j’ai réalisé ce que je voulais. Il aurait sans doute pu y avoir un président plus fort et une plus grande harmonie entre mon bloc parlementaire et la présidence. Celle-ci peut encore se réaliser, mais elle dépend aujourd’hui de deux volontés, non d’une seule... »

Q - Quelles relations entretiendrez-vous avec le président Sleimane ?

R - « Quand on tient à la République, on tient aussi à la présidence. »

Q - Mais, selon les premières informations, le président compte se constituer un bloc parlementaire, en application d’ailleurs de votre propre théorie. N’y aura-t-il pas de rivalité entre vous ?

R - « Vous faites ainsi un procès d’intentions. Je suis parvenu à libérer la voix des chrétiens dans les élections législatives. Maintenant, ils doivent assumer leurs responsabilités et faire leur choix. À mon avis, ils doivent se soucier de rester unis pour former un important bloc parlementaire qui leur redonnera un rôle considérable dans la reconstruction du pouvoir. Par contre, ceux qui cherchent à les diviser veulent maintenir la situation actuelle et les laisser marginalisés. Si les chrétiens n’agissent pas en conséquence, ils laisseront passer une chance historique et se seront montrés incapables d’assumer leurs responsabilités. Je le dis sans le moindre embarras. J’ai fait de mon mieux pour eux. Ils doivent maintenant agir eux-mêmes. »

Q - Y a-t-il eu des arrangements discrets sur ces sujets entre vous et le président Sleimane ?

R - « Je n’ai conclu aucun arrangement avec qui que ce soit. J’ai donné gratuitement. Ce n’est pas avec des transactions commerciales que se bâtissent les nations, mais avec un don de soi et le respect des responsabilités de la part de ceux qui exercent un pouvoir moral ou effectif. »

Q - N’est-ce pas idéaliste pour un homme qui a une si longue expérience dans la politique ?

R - « Je suis idéaliste. Ceux qui ne le sont pas ne peuvent pas accomplir de grandes missions. Rappelez-vous que les “messages messianiques passent par la croix”. »

Q - Ne craignez-vous que le président ne réduise votre popularité ?

R - « Non, pas du tout. Je n’ai peur de rien ni pour rien. Je suis resté le même homme avec les mêmes convictions. L’équation est simple : si on ne veut pas de moi, on m’écartera à travers les élections. Mais le chantage selon lequel pour rester populaire, je devrais faire telle ou telle chose ne marche pas avec moi. C’est d’ailleurs pour préserver l’intégrité de tous ceux qui m’appuient que je reste ce que je suis. »

Q - Il y a quand même des risques que votre popularité au sein de l’armée baisse…

R - « Ma réussite dans la vie a souvent été causée par la fausse analyse de ma personnalité faite par mes adversaires et leur mauvaise évaluation de la situation réelle. L’armée est à l’image de la société, non le contraire. Ce n’est pas une force spéciale. Elle fait partie du tissu social. Cette équation ne peut être modifiée. »

Q - À Doha, vous étiez visiblement « le » problème ?

R - « Non, j’étais à la base de la solution. J’avais des idées et un projet clairs, connus de tous les Libanais. C’est l’autre partie qui modifiait ses projets et ses priorités. »

Q - Est-il vrai que vous avez reçu des enveloppes pour accepter l’accord ?

R - « En général, on récompense celui qui fait des concessions. Je ne crois pas que ce soit mon cas. »

Q - Certains disent que jusqu’à la fin, vous défendiez l’idée du gouvernement de transition...

R - « Pas du tout. Ce n’est que lorsque nous étions près de l’échec que l’opposition a fait cette proposition. Mais ce n’était pas un projet en soi. »

Q - Avez-vous, comme le disent certains, subi des pressions de la part de vos alliés et de l’Iran ?

R - « La seule pression exercée sur moi l’a été par mes responsabilités nationales. J’ai accepté la solution parce qu’elle est conforme à mes aspirations. Sinon, je ne l’aurais pas fait. Nul ne m’a donc contacté. »

Q - On dit que vos alliés subissaient les pressions iraniennes et qu’ils vous auraient dit : on ne peut plus continuer à vous soutenir ?

R - « Je n’ai pas eu cette impression. Au contraire, la décision m’appartenait et ils me soutenaient. Ils savaient aussi que ce que je demandais était raisonnable. »

Q - Vous avez quand même pris des sunnites, non des chiites, pour donner aux chrétiens ?

R - « Nous avons repris les découpages qui existaient en 1960. Comme à Beyrouth, il n’y avait pas de divisions administratives, nous en avons créé. Nous réclamions au début huit sièges pour les quartiers chrétiens regroupés dans une seule circonscription et nous nous sommes heurtés à l’opposition des FL. Nous avons finalement abouti au compromis que vous connaissez. »

Q - Mais à Baalbeck-Hermel et à Marjeyoun (régions à majorité chiite), la situation est restée la même ?

R - « Ces découpages existaient et les sièges chrétiens dans ces régions font partie du tissu social, comme le siège chiite de Jbeil et celui de Baabda. Alors que ce n’est pas le cas du siège maronite de Tripoli. Plus tard, il faudra sans doute des amendements pour redistribuer les sièges parlementaires. Maintenant, c’est trop compliqué. »

Q - Craignez-vous que le nouveau découpage ne soit pas adopté au Parlement comme prévu ?

R - « Non. L’entente de Doha bénéficie d’un appui international. Elle ne peut pas facilement être remise en cause. »

Q - Sincèrement, vous voyez-vous un jour en train d’appliquer « wilayat el-fakih » ?

R - « Je considère cette question comme une offense. Elle dénote d’un incroyable manque de confiance en soi et d’une réelle méconnaissance de la réalité libanaise. Je ne crois pas que le peuple libanais en soit là. »

Q - En évoquant Doha, les médias occidentaux parlent d’une victoire du Hezbollah, vous accordant le rôle du suiveur ?

R - « Ce n’est pas la première fois que les médias occidentaux évaluent mal la situation. D’ailleurs, c’est une des raisons de l’échec des Occidentaux dans la région. L’opposition était unie et avait les idées claires. C’est pour cela qu’elle a obtenu gain de cause. »

Q - Selon vous, y a-t-il un vainqueur et un vaincu ?

R - « Le Liban a vaincu à travers ceux qui ont défendu son unité nationale. »

Q - Pensez-vous que l’accord de Doha soit fait pour durer ?

R - « Je n’ai pas participé à l’élaboration de beaucoup d’accords. Il y a eu l’entente avec le Hezbollah qui durera longtemps encore et l’accord de Doha. Je crois qu’il sera aussi une réussite, car il ne laisse pas beaucoup de possibilités aux interprétations. Je ne voudrais d’ailleurs pas lier mon nom à un échec. »

Q - Que vous inspire la présence arabe et internationale à la séance d’élection ?

R - « Elle est la preuve de l’appui dont jouit l’accord. Mais le Liban a réuni pendant cette séance l’axe du mal et celui du bien. Ce qui montre bien à quel point les étiquettes de M. Bush sont fausses. »

Q - Croyez-vous que le gouvernement sera formé rapidement ?

R - « Cela dépendra des caprices... »

Q - On dit qu’il y a déjà un problème sur le portefeuille de la Justice, que vous réclamez, alors que la majorité le veut aussi ?

R - « Ce sont des rumeurs Nous ne sommes pas encore entrés dans les détails. »

Q - Avez-vous posé des veto sur certains noms de ministrables ?

R - « Non. Mais nous n’accepterons pas que le gouvernement soit taillé aux mesures de certaines personnes. »

Q - Vous êtes-vous entendus à Doha sur la déclaration ministérielle ?

R - « Non. »

Q - Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

R - « J’ai une bile qui fonctionne bien. Je suis détendu. Dans le contexte actuel, avec un président qui n’a pas beaucoup de prérogatives, il vaut mieux être ailleurs. La finale se jouera en 2009. »

19:54 Publié dans Liban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liban, modem, france, monde, actualité

22/05/2008

Accords de DOHA: communiqué du CPL/France

181490408.jpgLe Rassemblement Pour le Liban/France exprime sa satisfaction suite à l’accord inter-libanais conclu cette nuit à Doha (Qatar) qui a mis fin à la crise politique qui sévi dans le pays depuis 3 ans et qui a engendré le dernier conflit armé.

Le processus de Doha prouve que l’entente et le dialogue entre les différentes parties libanaises restent les seuls moyens possibles afin d’aboutir à des résultats tangibles. Ceci correspond d’ailleurs au fondement stratégique de l’action du Courant Patriotique Libre et de son leader le Général Michel Aoun qui n’ont eu cesse de le prôner depuis le début, face à la volonté de l’accaparation et de l’exclusion pratiquée par ladite « majorité » jusqu’à la dernière minute.

La solution actuelle répond aux exigences du CPL pour rétablir une meilleur représentativité politique et permettre à toutes les communautés qui composent le tissu libanais de reprendre part dans la décision nationale.

Le RPL souhaite saluer, en particulier, l’action du Général Aoun, ce grand Homme qui s’est battu pour le Liban dans le passé, qui se bat encore aujourd’hui et continuera sûrement à le faire dans l’avenir. Michel Aoun a accepté de se retirer personnellement de la bataille des présidentielles, malgré sa légitimité populaire et politique, en privilégiant le consensus interne. Le RPL espère que toutes les parties comprendront aussi bien l’intérêt de ce consensus, respecterons leur signature et s’engageront à mettre en œuvre toutes les étapes de cet accord.

Le RPL remercie enfin tous les pays qui ont contribué à la naissance de cet accord, en particulier l’Emirat de Qatar qui a été un interlocuteur objectif et neutre dans le vrai sens du terme.

Paris le 21 mai 2008

13:18 Publié dans Liban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liban, modem, abyrou, france, politique

05/04/2008

Michel Aoun répond aux questions de l'Orient le Jour

  1095831421.jpg«Ça n’arrive qu’au Liban. » Cette phrase, qui revient souvent dans les propos de Michel Aoun, se veut surtout ironique.

Elle cache mal la blessure de cet homme face aux critiques systématiques dont il fait l’objet au Liban et à l’étranger depuis qu’il a quitté, comme on l’en accuse, le « camp du 14 Mars ». Pourtant, il affirme qu’il n’a pas changé, rappelant les discours élogieux de nombreux piliers du 14 Mars à l’égard de la Syrie alors qu’il était en exil et que ses partisans étaient arrêtés. Le général, qui a voulu cette année se réapproprier cette date symbole, a décidé de manier désormais le sarcasme, puisque sa spontanéité, comme il le souligne, lui est reprochée. Mais il ne se fait plus beaucoup d’illusions sur les grandes démocraties et sur les déclarations de principes. Sa force, précise-t-il, vient du peuple. Et c’est à lui qu’il s’adresse une fois de plus, convaincu que son « destin » est une lutte permanente et que sa vie ne sera jamais un long fleuve tranquille...

Q - En cet anniversaire du 14 mars, n’avez-vous pas le sentiment d’avoir commis une erreur ?

R – « Au contraire. Je n’ai pas changé. Mes opinions sont les mêmes, mais les circonstances changent. Le Liban n’est plus occupé par les forces syriennes et il faut revenir à des relations de bon voisinage avec ce pays. C’est l’autre camp qui a changé et qui, après avoir tenu un discours élogieux à l’égard de la Syrie, est aujourd’hui contre elle, pour être du côté du plus fort. »

Q - L’ensemble de la communauté internationale dénonce le rôle négatif de la Syrie au Liban...

R – « C’est pourtant cette même communauté qui a introduit la Syrie au Liban. En ce qui nous concerne, nos revendications n’ont rien à voir avec la Syrie. Nous voulons une participation effective au gouvernement et une loi électorale équitable. Je voudrais aussi rappeler qu’en juillet 2006, c’est encore la communauté internationale qui a impliqué la Syrie et l’Iran alors que ces pays n’avaient aucun combattant sur le front. Même chose pour le document d’entente que nous avons signé avec le Hezbollah. On l’a qualifié de prosyrien alors qu’il n’y a qu’un paragraphe sur la Syrie et qu’il comporte des points qui ont fait l’unanimité des parties libanaise à la table de dialogue national. »

Q - Mais ce sont quand même la Syrie et l’Iran qui arment le Hezbollah ?

R - « Ceux qui disent cela oublient que l’arsenal israélien vient des États-Unis. Comme si ce sont les armes qui définissent l’identité des protagonistes, non les combattants. »

Q - Si les choses sont aussi simples, pourquoi n’arrivez-vous pas à convaincre la communauté internationale ?

R – « Je n’ai pas à convaincre ni à me justifier. La communauté internationale a fait un choix. Elle se tient aux côtés d’Israël et ne veut rien entendre. La même politique se poursuit depuis 60 ans et le conflit israélo-arabe ne connaît toujours pas une fin heureuse. Cela devrait la pousser à changer... »

Q - Dans ce cas, pourquoi une partie des Libanais serait-elle avec la communauté internationale ?

R – « Il s’agit tout simplement d’une lutte pour le pouvoir. C’est une politique politicienne qui oppose ces Libanais au Hezbollah. Pourtant, le sentiment de solidarité nationale devrait l’emporter. Une partie des Libanais justifie pourtant la guerre contre leurs concitoyens et culpabilise ceux qui se défendent contre les agresseurs. »

Q - Le Hezbollah n’est-il pas un agresseur à certains moments ?

R – « Quand on est visé pour être éliminé comme l’est le Hezbollah par Israël, les mesures prises s’inscrivent dans le cadre de la légitime défense. De plus, le Hezbollah n’occupe pas une partie du territoire israélien alors qu’Israël occupe une partie de notre territoire. Cela ne veut pas dire que je justifie la guerre, mais je ne peux pas refuser le droit du Hezbollah à se défendre, notamment après l’assassinat de Imad Moghniyé. »

Q - Pourquoi ne pas envisager un rôle éventuel de la Syrie dans cet assassinat ?

R – « En suivant cette logique, on pourrait dire que la France a un rôle dans l’assassinat de Chahpour Bakhtiar (l’ancien Premier ministre iranien assassiné en France). »

Q - Depuis trois ans, vous affirmez qu’il n’y a pas de preuve pour incriminer la Syrie dans l’assassinat de Rafic Hariri. Pourquoi n’avez-vous pas la même attitude au sujet de l’assassinat de Moghniyé ?

R – « J’ai déclaré que les indices portent à croire que les Israéliens et les Américains seraient derrière l’assassinat de Moghniyé. Tout comme j’ai dit après l’assassinat de Gebran Tuéni qu’il y avait 90 % de chances que la Syrie soit l’auteur de l’attentat, mais il reste 10 % de possibilités que ce ne soit pas elle... Il y a eu 28 assassinats et aucune piste sérieuse n’a été découverte. Le gouvernement reste accroché à son siège et prétend assurer notre sécurité alors qu’il ne peut se protéger lui-même ! Cela n’arrive qu’au Liban... »

Q - Que se passe-t-il avec Michel Murr ? Votre bloc parlementaire est-il en train de s’effriter ?

R – « Michel Murr a dès le début annoncé son indépendance par rapport à notre bloc et nous traitons avec lui sur cette base. Il a d’ailleurs pris position sur la question de la présidence depuis le mois de septembre. »

Q - Il pourrait donc se ranger aux côtés de la majorité pour élire un président ?

R – « La présidence n’est pas seulement une question de voix. Beaucoup d’États interviennent sur ce dossier et ne parviennent pas à obtenir gain de cause, car leur projet ne bénéficie pas d’un appui populaire. On ne peut pas détourner l’opinion des gens et leur volonté. Un candidat qui détient 65 % des suffrages ne peut être remplacé par un autre qui n’en a que 2,5 %. C’est monstrueux. »

Q - Est-ce le cas du général Michel Sleimane ?

R – « C’est un candidat consensuel. C’est un autre cas de figure. En cas d’entente, il aura nos voix. »

Q - Est-il toujours un candidat consensuel ?

R – « Tant qu’il n’y a pas de changement dans les positions, oui. »

Q - Que pensez-vous du document proposé par les forces du 14 Mars ?

R – « Il a un retard de plus de deux ans. J’avais présenté des propositions constitutionnelles et démocratiques le 15 octobre 2005. Mais la majorité n’avait pas jugé bon d’en discuter. »

Q - Le document du 14 Mars prône une politique d’ouverture.

R – « Comme le dit la chanson, “paroles, paroles, paroles”. »

Q - N’est-ce pas un procès d’intention ?

R - Non, notre expérience est claire avec eux. Leurs méthodes restent les mêmes. Ils sont actuellement en train de distribuer du mazout et de l’essence au Kesrouan et à Jbeil. »

Q - Tant mieux si les gens en ont besoin...

R – « Oui, surtout qu’il s’agit des bénéfices réalisés à travers l’importation du fuel. Ils achètent les voix par le mazout. Mais s’ils donnaient aux gens le courant électrique, ce serait mieux. »

Q - Ceux qui perdent tiennent de tels propos...

R – « Mais non. La majorité essaie, mais les gens ne se laisseront pas faire. Ils ne mendient pas. Ils réclament leurs droits. »

Q - N’avez-vous pas le sentiment que votre popularité a baissé ?

R – « Non, je ne le sens pas. D’ailleurs, où seraient passés mes partisans ? Chez le gouvernement, malgré la faillite généralisée du pays ? »

Q - Peut-être se sont-ils ralliés à Samir Geagea ?

R – « Peut-être. Surtout les déplacés du Chouf et de Aley. 17 % d’entre eux sont rentrés au Chouf et 16,6 % à Aley. Et encore, ils y vont en été seulement. »

Q - Pouvez-vous affirmer en toute conscience que la Syrie n’a pas de visées sur le Liban ?

R – « Ce qui est compte, c’est comment les Libanais traitent avec elle. Sous prétexte de l’attaquer, certains lui donnent le droit d’intervenir et de répondre. De plus, c’est la communauté internationale qui l’a sondée sur la présidence. Personnellement, ma position a toujours été la même – il ne faut pas sonder les autres capitales, ni Damas ni aucune autre. Je suis contre toute intervention étrangère et je n’ai réclamé qu’un gouvernement d’union nationale. »

Q - Pensez-vous que le gouvernement doive participer au sommet de Damas ?

R - Je suis contre sa participation, d’autant que je ne reconnais pas la légalité de ce gouvernement. De toute façon, nous ne nous considérons pas liés par ce que fait M. Siniora. »

Q - L’initiative arabe est-elle toujours en vigueur ?

R – « Les Arabes traitent le dossier libanais avec un manque de clarté. Leur initiative part de bonnes intentions, mais l’enfer en est pavé. Finalement, toutes les initiatives visent à écarter l’opposition de toutes les décisions importantes et de l’élaboration de la loi électorale... »

Q - Sur quoi vous basez-vous pour affirmer qu’il n’y aura pas de guerre ?

R – « Le rapport actuel de force ne permet pas à Israël de mener ou de prendre l’initiative d’une nouvelle guerre. »

Q - Et les navires militaires américains qui sont dans la région ?

R – « C’est une sorte de défilé dissuasif à l’adresse de gens non avertis... »

Q - Le Liban est-il au bord d’une guerre civile ?

R – « Il y a beaucoup de forces de nuisance qui peuvent provoquer des incidents, mais pas la guerre. »

Q - Croyez-vous que le Hezbollah vous dit tout ?

R – « Peut-être pas. Mais je sais lire et prévoir. Au troisième jour de la guerre de 2006, j’avais dit aux ambassadeurs Feltman et Émié qu’un incident de frontière ne cause pas une guerre, c’est juste un prétexte. Il a fallu attendre que M. Olmert dise que la guerre a été préparée depuis mars pour qu’on me donne raison. Je ne cherchais pas à défendre le Hezbollah, mais à expliquer les faits aux citoyens pour qu’ils ne se laissent pas manipuler. »

Q - Vous ne pouvez nier le fait qu’il y a deux projets qui s’affrontent dans la région, et en étant dans le camp antiaméricain, vous êtes de facto dans le camp syro-iranien ?

R – « Je suis avec mon pays. C’est ici que je veux vivre, en harmonie avec mes concitoyens. Qu’on m’explique en quoi consiste le projet américain. S’agit-il du fameux chaos constructif dont on a parlé ? »

Q - Peut-être s’agit-il de renforcer la démocratie ?

R – « De quelle démocratie parle-t-on ? De la loi électorale de 2000 ? Du Hamas ? de l’Irak ? La démocratie, c’est visiblement juste bon pour les Américains. Mais chez nous, pensent-ils, c’est la force qui doit prendre le pas sur le droit. »

Q - Avez-vous renoncé à la présidence ?

R - La fonction n’est pas importante. C’est le rôle qui compte, et le mien est de dénoncer et de combattre la corruption, de contribuer à la réforme et d’appeler au traitement des dossiers urgents – la sécurité, la justice et le développement... »

Q - En somme, votre mission ne finira jamais ?

R – « Oui, c’est un processus de vie, une lutte continue, non un tremplin pour atteindre un poste ou une attitude dictée par des intérêts provisoires... »

 

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29/03/2008

Il l'a dit

481468111.jpgLe premier ministre Libanais: « Il n’est plus acceptable qu’un pays frère comme la Syrie, ou un pays ami comme l’Iran, ou tout autre pays dans le monde traite le Liban comme une zone d’influence ou un champ de bataille ».

09:20 Publié dans Liban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, liban, modem, bayrou, monde

18/02/2008

Michel Aoun mène, à sa manière, le Liban vers sa révolution orange

cdfad8ffa28e136804947598fb441d82.jpgJ'ai souvent pris l'habitude, ici, de parler du Liban. Le pays est aujourd'hui traversé par une crise profonde mais pas celle que des médias ici et ailleurs tentent de faire croire. Le Liban serait divisé en deux parties : le groupe de la démocratie, c’est-à-dire celui au pouvoir et le groupe pro-syrien, c’est-à-dire l’opposition. Comme l'explique l'ancien directeur de la DST dans une récente interview, "l’ironie est le fait qu’une bonne majorité des gens actuellement au pouvoir, s’était rassasié depuis longtemps, tout en étant à table, hôte de syriens, et qu’aujourd’hui elle accuse Michel Aoun d’être proche de la Syrie". J'ai rencontré en début d'année Michel Aoun (photo prise chez lui à Rabieh). A sa manière, il mène le Liban vers sa révolution orange. Tout est dit dans un livre témoignage: "Ma vision du Liban". Pour celles et ceux qui aiment le Liban, à lire sans modération, pour comprendre le présent d'une actualité bien chargée et si pesante. Mais qui nous concerne aussi.

Document d'entente

Article sur Agora Vox

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