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06/06/2008

Musée la Piscine André Diligent

buste diligent.JPGIl est, ici ou là, de tradition de donner le nom des personnalités locales défuntes à des bâtiments publics. André Diligent, Maire de Roubaix de 1983 à 1994 n’a pas échappé à cette tradition mais il semble qu’il ait pu, lui, orienter le choix du jury des vivants... Il rejetait d’emblée la question, ne voulant pas laisser son nom à une Avenue pire à une impasse.  Mais il avait laissé entendre que le seul sacrifice qu’il était prêt à consentir après sa mort, c’était peut-être de laisser son nom à cette piscine réhabilitée de Roubaix où il plongeait plus jeune. D’ailleurs, il en parlait très souvent. Il disait que c’était un lieu formidable de mixité sociale. Tout le monde en slip de bain et les différences s’effacent ! La mixité, c’était finalement le combat de sa vie politique et c’est donc heureux que cette mixité s’écrive encore aujourd’hui à travers ce très beau site, alliant les formes artistiques du passé avec les courbes culturelles de l’avenir. Le Musée la Piscine André Diligent comme on doit dire (même si c’est un peu long), est un lieu extrêmement convivial et reposant, qui propose notamment des ateliers pédagogiques et des journées familiales, autour de grandes expositions. Comme celle qui s’est achevée la semaine dernière autour des animaux : « Le Zoo d’Orsay ». Pas étonnant comme le précise ce matin la Voix du Nord que sa fréquentation ait donc progressé de 36 % en un an. Et le journal de donner la parole au conservateur Bruno Gaudichon : « C'est la matérialisation d'un succès public, d'une rencontre avec la région (61 % de la fréquentation) d'un musée solidaire qui a réussi son ancrage dans un territoire car conçu dès le départ comme un lieu de vie ». Pas étonnant alors que le musée de Roubaix grimpe dans les classements. Il vient d’être classé au 5ème rang national par « le journal des arts » qui vient de rendre son palmarès. André Diligent, du haut de sa cabine de bain, doit en être tout sourire. musée diligent.JPG

05/06/2008

Logement: Un rapport du Comité Européen des Droits Sociaux qui interpelle

« Entre 400 000 et 600 000 logements (soit plus d’un million de personnes) continuent d’être exposés à des risques sanitaires dus à des conditions de vie médiocres", écrivent les experts du Comité Européen des Droits Sociaux qui avait été saisi en 2006 d’une part par ATD Quart Monde, et d’autre part par la Fédération des Associations Nationales de Travail avec les Sans-Abri (FEANTSA).

"Sur une population de 60 millions d’habitants, 100.000 sont sans abri, trois millions sont mal logés et 5,6 millions sont dans une réelle vulnérabilité résidentielle", précisait à propos de la France un expert de la FEANTSA, lors d’une audience publique.

La France a ratifié la Charte sociale européenne révisée le 07/05/1999 et a accepté les 98 paragraphes de la Charte révisée. La France a également accepté d’être liée par le Protocole sur les « réclamations collectives » le 07/05/1999. La France avait ratifié la Charte sociale européenne le 09/03/1973 et le Protocole qui réforme le mécanisme de contrôle le 24/05/95.

En tant qu’avancées, le Comité Européen des Droits Sociaux note la définition des critères d’un logement décent (décret n°2002-120 du 30 janvier 2002) et la mise en oeuvre d’un dispositif d’urgence visant à la prévention des expulsions (Circulaire n °UHC/DH2 n° 2004-10 du 13 mai 2004).

Après ce rapport, le comité des ministres du conseil de l’Europe devrait adopter une résolution ou adresser une "recommandation" à la France pour l’inviter à se mettre en conformité avec la charte sociale.

22/05/2008

Accords de DOHA: communiqué du CPL/France

181490408.jpgLe Rassemblement Pour le Liban/France exprime sa satisfaction suite à l’accord inter-libanais conclu cette nuit à Doha (Qatar) qui a mis fin à la crise politique qui sévi dans le pays depuis 3 ans et qui a engendré le dernier conflit armé.

Le processus de Doha prouve que l’entente et le dialogue entre les différentes parties libanaises restent les seuls moyens possibles afin d’aboutir à des résultats tangibles. Ceci correspond d’ailleurs au fondement stratégique de l’action du Courant Patriotique Libre et de son leader le Général Michel Aoun qui n’ont eu cesse de le prôner depuis le début, face à la volonté de l’accaparation et de l’exclusion pratiquée par ladite « majorité » jusqu’à la dernière minute.

La solution actuelle répond aux exigences du CPL pour rétablir une meilleur représentativité politique et permettre à toutes les communautés qui composent le tissu libanais de reprendre part dans la décision nationale.

Le RPL souhaite saluer, en particulier, l’action du Général Aoun, ce grand Homme qui s’est battu pour le Liban dans le passé, qui se bat encore aujourd’hui et continuera sûrement à le faire dans l’avenir. Michel Aoun a accepté de se retirer personnellement de la bataille des présidentielles, malgré sa légitimité populaire et politique, en privilégiant le consensus interne. Le RPL espère que toutes les parties comprendront aussi bien l’intérêt de ce consensus, respecterons leur signature et s’engageront à mettre en œuvre toutes les étapes de cet accord.

Le RPL remercie enfin tous les pays qui ont contribué à la naissance de cet accord, en particulier l’Emirat de Qatar qui a été un interlocuteur objectif et neutre dans le vrai sens du terme.

Paris le 21 mai 2008

13:18 Publié dans Liban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liban, modem, abyrou, france, politique

09/04/2008

Une vision à débattre de la démocratie participative à Lomme (29.000 habitants)

Objet : démocratie participative 

Monsieur le Maire,

Dans l’attente de nos prochains échanges, je tiens à travers les quelques lignes qui suivent à vous faire partager idées et convictions concrètes sur le sujet de la démocratie participative. A propos de la notion elle-même, tous les observateurs reconnaissent à l’instar de Loïc Blondiaux que c’est « une notion qui souffre d’une inflation rhétorique. On en parle de plus en plus alors que les résultats sur le terrain se font attendre ».

Sur le fond, le problème de la critique démocratique, indispensable pour que la démocratie reste une vraie démocratie, c’est de la faire entrer dans des espaces publics institutionnalisés, de l’organiser et de la rendre productive. Il est, de ce point de vue, extrêmement intéressant de compiler l’ensemble des idées lancées par les listes qui participent aujourd’hui à la majorité communale sur le sujet. Les appliquer toutes n’aurait pas forcément de sens mais trouver à partir de l’ensemble, des lignes directrices, en aurait davantage de mon point de vue. C’est ce que j’ai commencé à faire dans la mesure où cela me paraissait être la première pierre à poser dans le cadre de la délégation que vous m’avez confiée.

S’agissant des comités de quartier, ma conviction de base est qu’ils ne doivent pas devenir davantage de simples comités d’animation au niveau des quartiers. Le fait qu’une grosse centaine d’habitants assistent à ces comités en prenant sur leur temps, en l’absence de rétributions matérielles, est en soi satisfaisant.

Disons que pour nous, ces instances doivent viser à dynamiser une participation citoyenne aux affaires communes et également à lutter contre le fléau de l’individualisme. La tendance actuelle de confier aux comités des missions d’animation (jurys pour les balcons fleuris, organisation du parcours du cœur, ramassage des bouchons de bouteille, etc…) ou le fait qu’ils se limitent bien souvent à traiter les problèmes de rue (poubelles, vitesse, stationnements, etc…) sont finalement assez éloignés des objectifs que vous vous étiez vous-même fixés au lancement des dits comités en 2001.

Il me semble que les comités doivent nécessairement redevenir des lieux de concertation et d’échanges sur les problématiques du quartier. Des comptes-rendus publics et une amélioration de la communication en générale sont à mon sens des exigences premières. S’agissant de leur composition, je n’ai jamais pensé que la désignation du tiers des membres par les groupes politiques était une bonne chose. Cette désignation politique est d’abord inutile mais je pense même qu’elle brouille l’essence même du comité. Pour l’avenir, il ne me paraîtrait pas incongru que nous puissions expérimenter des comités avec un seul collège, celui des habitants.

Le second collège existant aujourd’hui, celui des personnalités et des présidents d’associations, pourrait trouver logiquement sa place dans le nouveau Conseil Communal de Concertation à l’échelle de la commune, conseil dont vous avez évoqué la création dans votre projet communal. Les commissions extra-municipales existantes comme la « commission histoire » trouveraient tout naturellement une place dans le futur CCC qui pourra fonctionner avec des commissions thématiques. Dans le même ordre d’idées, je crois que c’est dans ce cadre que pourront être débattues des orientations propres à la jeunesse comme aux personnes plus âgées. Ce qui, dans mon esprit, n’implique pas la création de conseils séparés dédiés à la jeunesse ou aux personnes âgées mais exige une représentation de toutes les générations au sein du CCC. Ainsi composé, ce nouveau conseil de concertation à l’échelle communale peut en effet offrir un cadre propice aux questions générationnelles tout en préservant le lien entre les différents acteurs de la commune. Je crois que sur ce point nous devrions être tout à fait en phase.

Nous aurions ainsi une architecture de participation des citoyens à deux niveaux, avec d’une part le Conseil Communal de Concertation à l’échelle communale et d’autre part une structure à l’échelle des 5 quartiers où siègeraient des habitants désignés. Désignés démocratiquement à l’issue d’une campagne que la commune se chargerait d’organiser ?  Désignés simplement après passage devant un jury ? Tirés au sort ? Le débat est ouvert tant les idées foisonnent. La forme traditionnelle de désignation démocratique me paraît préférable au « tirage au sort » qui certes a ses vertus et son histoire mais ce mode de désignation pose le problème de la motivation de la personne choisie. On ne peut raisonnablement obliger une personne à s’engager dans une structure de concertation au niveau local, si elle ne le souhaite pas pleinement. Ce mode de désignation est une belle idée mais le volontarisme reste de mon point de vue la clé de l’engagement. Si nous choisissions des comités avec un collège unique d’habitants, il reste la possibilité de tirer au sort une partie des membres, et ce dans le cadre d’une expérimentation.

Il nous appartiendrait ainsi de mettre en place ces structures (en même temps ?), d’affiner les missions de chacune et de préciser notamment les enjeux de coopération avec les élus du conseil communal. Dans mon esprit, parce qu’il s’inscrit à une échelle communale, le Conseil Communal de Concertation, est à même de se réunir et de rendre des avis sur des aspects de la politique communale. Le comité de quartier est lui recentré sur ses missions de proximité. Il ne me paraît pas anodin de penser à rendre publiques l’ensemble des séances et d’organiser les séances dans des lieux publics du quartier, sans que ce soit forcément le même. L’idée étant vraiment d’inscrire ces 5 comités dans une grande proximité, accentuée par le collège unique, les séances ouvertes et la tenue des réunions dans des lieux différents.

****

Toutes ces dispositions ne seraient pas complètes si nous ne nous donnions pas les moyens d’aller plus loin dans la participation des habitants au quotidien.

Vous avez proposé la mise en place d’Ateliers Urbains de Proximité et je crois que cette disposition s’inscrit dans le cadre plus global des crédits et des actions de la politique de la ville avec son Contrat Urbain de Cohésion Sociale. Elle est bien entendu à retenir mais de mon côté, je suggère que pour évaluer l’ensemble des actions mises en œuvre, nous puissions envisager d’ici quelques mois de mettre en place un observatoire de la démocratie locale, piloté par des habitants expérimentés ou non, qui rendraient un rapport annuel sur le fonctionnement d’un certain nombre de dispositifs.

Dans le même registre, je pense que nous devons faire une plus grande place dans le journal communal à l’information concernant les enquêtes publiques et autres concertations, qu’elles soient métropolitaines, départementales ou d’état mais impactant directement notre territoire. Sur les grands projets d’aménagement, il me semble nécessaire d’instituer le principe de convocation d’assemblées participatives exceptionnelles.

Dernier point important qui me paraît participer de l’ambition que nous voulons porter ensemble pour développer l’engagement citoyen de nos habitants : les comités d’usagers. La liste des Verts avait notamment suggéré des conseils de crèche ouverts aux parents. Je pense qu’il est possible et raisonnable de mettre sur pied rapidement plusieurs comités d’usagers dans des domaines divers : petite-enfance mais aussi utilisation des transports en commun, utilisation des équipements publics (médiathèque, salles de sport, etc…). Nous pourrions commencer par cela.

Dans le champ social, il me paraîtrait très utile de mettre en place un comité des usagers du CCAS. J’ai noté avec intérêt que vous suggériez la mise en place de la commission relative à l’accessibilité des personnes handicapées. Je pense que nous pouvons en faire un véritable comité d’usagers avec la même reconnaissance institutionnelle.

Je termine mon exercice en exprimant clairement la conviction que si nous nous donnons les moyens de répondre à cette ambition de participation citoyenne, nous aurons tenté de réhabiliter une culture d’implication dans notre commune qui dépasse les engagements traditionnels. Cette culture à proposer me paraît plus construite que la simple proposition d’enregistrer une pétition citoyenne, proposition que je ne peux pas rejeter d’emblée mais qui ne me paraît pas être, dans la mesure où l’exigence est forte, à la même hauteur que les ambitions que nous soumettons aujourd’hui au débat.

Je n’ai pas besoin de rappeler que j’ai été un partisan farouche de la consultation citoyenne que j’ai historiquement provoquée une fois à Lomme, un jour de juin 1999. Cette initiative était inscrite dans un certain contexte. A l’époque, elle était une réponse à une absence de concertation et de participation des habitants à un choix d’avenir majeur pour notre commune.

Notre rôle d’élu, et c’est comme cela que je le conçois, est bien d’élever le débat sur les enjeux communaux, à l’échelle de la commune toute entière en partant des différents quartiers et des aspirations des habitants. C’est dans ce cadre et avec cette exigence de cohérence des outils à mettre en œuvre que j’entends la mission qui m’est confiée et c’est dans ce strict cadre que j’entends aujourd’hui m’impliquer totalement, tant je pense qu’il y a urgence à tout faire pour retrouver la confiance de nos concitoyens. La faible participation électorale aux dernières élections est un signal d’alerte que nous devons entendre.

Heureux d’avoir pu partager avec vous ces réflexions, veuillez agréer, Monsieur le Maire, mes cordiales salutations.

Denis VINCKIER

Conseiller délégué à la démocratie participative

05/04/2008

Michel Aoun répond aux questions de l'Orient le Jour

  1095831421.jpg«Ça n’arrive qu’au Liban. » Cette phrase, qui revient souvent dans les propos de Michel Aoun, se veut surtout ironique.

Elle cache mal la blessure de cet homme face aux critiques systématiques dont il fait l’objet au Liban et à l’étranger depuis qu’il a quitté, comme on l’en accuse, le « camp du 14 Mars ». Pourtant, il affirme qu’il n’a pas changé, rappelant les discours élogieux de nombreux piliers du 14 Mars à l’égard de la Syrie alors qu’il était en exil et que ses partisans étaient arrêtés. Le général, qui a voulu cette année se réapproprier cette date symbole, a décidé de manier désormais le sarcasme, puisque sa spontanéité, comme il le souligne, lui est reprochée. Mais il ne se fait plus beaucoup d’illusions sur les grandes démocraties et sur les déclarations de principes. Sa force, précise-t-il, vient du peuple. Et c’est à lui qu’il s’adresse une fois de plus, convaincu que son « destin » est une lutte permanente et que sa vie ne sera jamais un long fleuve tranquille...

Q - En cet anniversaire du 14 mars, n’avez-vous pas le sentiment d’avoir commis une erreur ?

R – « Au contraire. Je n’ai pas changé. Mes opinions sont les mêmes, mais les circonstances changent. Le Liban n’est plus occupé par les forces syriennes et il faut revenir à des relations de bon voisinage avec ce pays. C’est l’autre camp qui a changé et qui, après avoir tenu un discours élogieux à l’égard de la Syrie, est aujourd’hui contre elle, pour être du côté du plus fort. »

Q - L’ensemble de la communauté internationale dénonce le rôle négatif de la Syrie au Liban...

R – « C’est pourtant cette même communauté qui a introduit la Syrie au Liban. En ce qui nous concerne, nos revendications n’ont rien à voir avec la Syrie. Nous voulons une participation effective au gouvernement et une loi électorale équitable. Je voudrais aussi rappeler qu’en juillet 2006, c’est encore la communauté internationale qui a impliqué la Syrie et l’Iran alors que ces pays n’avaient aucun combattant sur le front. Même chose pour le document d’entente que nous avons signé avec le Hezbollah. On l’a qualifié de prosyrien alors qu’il n’y a qu’un paragraphe sur la Syrie et qu’il comporte des points qui ont fait l’unanimité des parties libanaise à la table de dialogue national. »

Q - Mais ce sont quand même la Syrie et l’Iran qui arment le Hezbollah ?

R - « Ceux qui disent cela oublient que l’arsenal israélien vient des États-Unis. Comme si ce sont les armes qui définissent l’identité des protagonistes, non les combattants. »

Q - Si les choses sont aussi simples, pourquoi n’arrivez-vous pas à convaincre la communauté internationale ?

R – « Je n’ai pas à convaincre ni à me justifier. La communauté internationale a fait un choix. Elle se tient aux côtés d’Israël et ne veut rien entendre. La même politique se poursuit depuis 60 ans et le conflit israélo-arabe ne connaît toujours pas une fin heureuse. Cela devrait la pousser à changer... »

Q - Dans ce cas, pourquoi une partie des Libanais serait-elle avec la communauté internationale ?

R – « Il s’agit tout simplement d’une lutte pour le pouvoir. C’est une politique politicienne qui oppose ces Libanais au Hezbollah. Pourtant, le sentiment de solidarité nationale devrait l’emporter. Une partie des Libanais justifie pourtant la guerre contre leurs concitoyens et culpabilise ceux qui se défendent contre les agresseurs. »

Q - Le Hezbollah n’est-il pas un agresseur à certains moments ?

R – « Quand on est visé pour être éliminé comme l’est le Hezbollah par Israël, les mesures prises s’inscrivent dans le cadre de la légitime défense. De plus, le Hezbollah n’occupe pas une partie du territoire israélien alors qu’Israël occupe une partie de notre territoire. Cela ne veut pas dire que je justifie la guerre, mais je ne peux pas refuser le droit du Hezbollah à se défendre, notamment après l’assassinat de Imad Moghniyé. »

Q - Pourquoi ne pas envisager un rôle éventuel de la Syrie dans cet assassinat ?

R – « En suivant cette logique, on pourrait dire que la France a un rôle dans l’assassinat de Chahpour Bakhtiar (l’ancien Premier ministre iranien assassiné en France). »

Q - Depuis trois ans, vous affirmez qu’il n’y a pas de preuve pour incriminer la Syrie dans l’assassinat de Rafic Hariri. Pourquoi n’avez-vous pas la même attitude au sujet de l’assassinat de Moghniyé ?

R – « J’ai déclaré que les indices portent à croire que les Israéliens et les Américains seraient derrière l’assassinat de Moghniyé. Tout comme j’ai dit après l’assassinat de Gebran Tuéni qu’il y avait 90 % de chances que la Syrie soit l’auteur de l’attentat, mais il reste 10 % de possibilités que ce ne soit pas elle... Il y a eu 28 assassinats et aucune piste sérieuse n’a été découverte. Le gouvernement reste accroché à son siège et prétend assurer notre sécurité alors qu’il ne peut se protéger lui-même ! Cela n’arrive qu’au Liban... »

Q - Que se passe-t-il avec Michel Murr ? Votre bloc parlementaire est-il en train de s’effriter ?

R – « Michel Murr a dès le début annoncé son indépendance par rapport à notre bloc et nous traitons avec lui sur cette base. Il a d’ailleurs pris position sur la question de la présidence depuis le mois de septembre. »

Q - Il pourrait donc se ranger aux côtés de la majorité pour élire un président ?

R – « La présidence n’est pas seulement une question de voix. Beaucoup d’États interviennent sur ce dossier et ne parviennent pas à obtenir gain de cause, car leur projet ne bénéficie pas d’un appui populaire. On ne peut pas détourner l’opinion des gens et leur volonté. Un candidat qui détient 65 % des suffrages ne peut être remplacé par un autre qui n’en a que 2,5 %. C’est monstrueux. »

Q - Est-ce le cas du général Michel Sleimane ?

R – « C’est un candidat consensuel. C’est un autre cas de figure. En cas d’entente, il aura nos voix. »

Q - Est-il toujours un candidat consensuel ?

R – « Tant qu’il n’y a pas de changement dans les positions, oui. »

Q - Que pensez-vous du document proposé par les forces du 14 Mars ?

R – « Il a un retard de plus de deux ans. J’avais présenté des propositions constitutionnelles et démocratiques le 15 octobre 2005. Mais la majorité n’avait pas jugé bon d’en discuter. »

Q - Le document du 14 Mars prône une politique d’ouverture.

R – « Comme le dit la chanson, “paroles, paroles, paroles”. »

Q - N’est-ce pas un procès d’intention ?

R - Non, notre expérience est claire avec eux. Leurs méthodes restent les mêmes. Ils sont actuellement en train de distribuer du mazout et de l’essence au Kesrouan et à Jbeil. »

Q - Tant mieux si les gens en ont besoin...

R – « Oui, surtout qu’il s’agit des bénéfices réalisés à travers l’importation du fuel. Ils achètent les voix par le mazout. Mais s’ils donnaient aux gens le courant électrique, ce serait mieux. »

Q - Ceux qui perdent tiennent de tels propos...

R – « Mais non. La majorité essaie, mais les gens ne se laisseront pas faire. Ils ne mendient pas. Ils réclament leurs droits. »

Q - N’avez-vous pas le sentiment que votre popularité a baissé ?

R – « Non, je ne le sens pas. D’ailleurs, où seraient passés mes partisans ? Chez le gouvernement, malgré la faillite généralisée du pays ? »

Q - Peut-être se sont-ils ralliés à Samir Geagea ?

R – « Peut-être. Surtout les déplacés du Chouf et de Aley. 17 % d’entre eux sont rentrés au Chouf et 16,6 % à Aley. Et encore, ils y vont en été seulement. »

Q - Pouvez-vous affirmer en toute conscience que la Syrie n’a pas de visées sur le Liban ?

R – « Ce qui est compte, c’est comment les Libanais traitent avec elle. Sous prétexte de l’attaquer, certains lui donnent le droit d’intervenir et de répondre. De plus, c’est la communauté internationale qui l’a sondée sur la présidence. Personnellement, ma position a toujours été la même – il ne faut pas sonder les autres capitales, ni Damas ni aucune autre. Je suis contre toute intervention étrangère et je n’ai réclamé qu’un gouvernement d’union nationale. »

Q - Pensez-vous que le gouvernement doive participer au sommet de Damas ?

R - Je suis contre sa participation, d’autant que je ne reconnais pas la légalité de ce gouvernement. De toute façon, nous ne nous considérons pas liés par ce que fait M. Siniora. »

Q - L’initiative arabe est-elle toujours en vigueur ?

R – « Les Arabes traitent le dossier libanais avec un manque de clarté. Leur initiative part de bonnes intentions, mais l’enfer en est pavé. Finalement, toutes les initiatives visent à écarter l’opposition de toutes les décisions importantes et de l’élaboration de la loi électorale... »

Q - Sur quoi vous basez-vous pour affirmer qu’il n’y aura pas de guerre ?

R – « Le rapport actuel de force ne permet pas à Israël de mener ou de prendre l’initiative d’une nouvelle guerre. »

Q - Et les navires militaires américains qui sont dans la région ?

R – « C’est une sorte de défilé dissuasif à l’adresse de gens non avertis... »

Q - Le Liban est-il au bord d’une guerre civile ?

R – « Il y a beaucoup de forces de nuisance qui peuvent provoquer des incidents, mais pas la guerre. »

Q - Croyez-vous que le Hezbollah vous dit tout ?

R – « Peut-être pas. Mais je sais lire et prévoir. Au troisième jour de la guerre de 2006, j’avais dit aux ambassadeurs Feltman et Émié qu’un incident de frontière ne cause pas une guerre, c’est juste un prétexte. Il a fallu attendre que M. Olmert dise que la guerre a été préparée depuis mars pour qu’on me donne raison. Je ne cherchais pas à défendre le Hezbollah, mais à expliquer les faits aux citoyens pour qu’ils ne se laissent pas manipuler. »

Q - Vous ne pouvez nier le fait qu’il y a deux projets qui s’affrontent dans la région, et en étant dans le camp antiaméricain, vous êtes de facto dans le camp syro-iranien ?

R – « Je suis avec mon pays. C’est ici que je veux vivre, en harmonie avec mes concitoyens. Qu’on m’explique en quoi consiste le projet américain. S’agit-il du fameux chaos constructif dont on a parlé ? »

Q - Peut-être s’agit-il de renforcer la démocratie ?

R – « De quelle démocratie parle-t-on ? De la loi électorale de 2000 ? Du Hamas ? de l’Irak ? La démocratie, c’est visiblement juste bon pour les Américains. Mais chez nous, pensent-ils, c’est la force qui doit prendre le pas sur le droit. »

Q - Avez-vous renoncé à la présidence ?

R - La fonction n’est pas importante. C’est le rôle qui compte, et le mien est de dénoncer et de combattre la corruption, de contribuer à la réforme et d’appeler au traitement des dossiers urgents – la sécurité, la justice et le développement... »

Q - En somme, votre mission ne finira jamais ?

R – « Oui, c’est un processus de vie, une lutte continue, non un tremplin pour atteindre un poste ou une attitude dictée par des intérêts provisoires... »

 

11:01 Publié dans Liban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liban, politique, modem, france, monde