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17/07/2009

Une belle histoire

Puisque l'on reparle du LUSC (La voix du Nord  de ce vendredi), je réédite mon post qui date de quelques mois en ajoutant le fichier du livre en fin de message. Bonne lecture !

"lusc.jpgQue les choses soient claires, l'objectif de cette petite aventure qui m'amène à écrire puis à publier n'est pas commercial mais sociétal. Créer du lien social à partir d'une vie personnelle, professionnelle ou associative, c'est à mon sens tout l'enjeu d'une écriture à plusieurs. Il n'y a pas d'argent en jeu. Mon objectif, à terme, c'est bien de fédérer dans une association des personnes animées par ce même idéal. Pour échanger des pratiques et diffuser le concept. Voilà, j'en suis à mon troisième petit ouvrage avec cette belle histoire mais j'ai du boulot pour toute l'année 2009. Finalement, je crois que cette idée généreuse a de l'avenir. www.tracines.fr

Microsoft Word - livre LUSC 1485x21cm.pdf

21/04/2009

Maurice Druon ... et le point d'ironie.

Point_d%27ironie_Brahm.jpgL'Académicien Maurice Druon est mort. Disons qu'arrivé à 90 ans, il a bien profité de la vie. Né en 1918, il est notamment connu pour avoir, à la demande du Général d'Astier de la Vigerie, composé avec son oncle Joseph Kessel, les paroles d'un chant fédérateur pour les mouvements résistants. D'où ce Chant qui commence ainsi... Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? ...

Maurice Druon était avant tout un partisan de la langue française dont il disait qu'elle était d'abord "un langage". C'est à ce titre qu'il a été amené en 1995 à répondre à une lettre d'André Diligent, alors Sénateur, et qui avait fait remonter par le biais de Maurice Schumann, une requête à la commission du Dictionnaire: mettre en usage le point d'ironie !

Maurice Druon avait semblé trouver l'idée toute intéressante mais il avait conclu que l'usage d'un tel point aménerait à introduire dans toutes les machines à écrire et électroniques un signe supplémentaire. Il y voyait là des dépenses gigantesques en perspective... Et d'ajouter: nous avons trop de mal à obtenir le respect, dans la composition informatisée, des accents et de la ponctuation pour ne pas hésiter à nous risquer dans cette voie...

Et de conclure: d'autres demandes pourraient aussi surgir ? Point de virtualité pour tenir compte du réel et du virtuel ? L'ironie est en fait courament marquée par les points de suspension. Ainsi en est-il pour la plupart de nos confrères et des auteurs contemporains.

Néanmoins, Maurice Druon avait insisté: "Nous gardons votre proposition en mémoire et demanderons à l'Imprimerie nationale que ses dessinateurs étudient la chose".

Maurice Druon est mort, mais le point d'ironie a encore de beaux jours devant lui non ?

NB: Il semble que depuis le point d'ironie soit entré en vigueur... comme un signe de ponctuation qui se place à la fin d'une phrase pour indiquer que celle-ci doit être prise au second degré (voir ci-dessus le point d'ironie d’Alcanter de Brahm). Il est parfois aussi représenté par un point d'interrogation à l'envers, voire un point d'exclamation entre parenthèses : ( ! ).

Ce signe (Carctère de l'ironie) a été proposé par le poète français Alcanter de Brahm (alias Marcel Bernhardt) à la fin du XIXe siècle. Il fut par la suite repris par Hervé Bazin dans son livre Plumons l'oiseau (1966), où l'auteur propose aussi d'autres nouveaux signes de ponctuation. Il a été remis à l'honneur par Agnès b. en 1997 dans son périodique d'art Point d'ironie.

Ce signe n'a jamais vraiment été utilisé, sauf de manière occasionnelle par Le Canard enchaîné et dans des publications artistiques ou littéraires, et sans doute plus en raison de son originalité que pour sa réelle valeur de symbole typographique.

Toujours est-il que l'on s'en sert de ce point d'ironie...et pas seulement pour écrire.

boutons de manchette.jpg

10/02/2008

Nos aînés sont notre plus grande richesse

972d4d67a11e58264aa9222f59f34690.jpgJe l'ai affirmé hier, lors de la présentation de notre liste "Lomme à Coeur", nos aînés sont notre plus grande richesse. C'est la raison pour laquelle apparaissent ces 6 figures populaires lommoises pour pousser notre liste. Sur la photo, de gauche à droite: Roger Laviéville, Irma Kindt, Bernard Mielke, Clotilde Sgard et Francis Charlet. Manque Conception Blondel qui a subi une opération cette semaine mais tout va bien.

Ces figures bien connues dans notre commune ne font pas baisser la moyenne d'âge de notre équipage. Elle est malgré leurs âges respectifs et avec eux de 53 ans. Ces 6 femmes et hommes de Lomme honorent notre équipage et nous ne serions pas partis sans eux. Ils donnent du sens à notre embarcation dans la mesure où ils sont des repères. Pour moi et pour toute notre équipe, c'est clair, ils sont notre plus grande richesse !

30- Clotilde SGARD-LAPOTRE, 72 ans, ancienne ouvrière lommoise Née rue Philippe de Girard, elle est intarissable sur ses souvenirs de jeunesse rue du Paradis. Tour à tour ouvrière dans une sellerie, en filature, en usine de moteurs, elle raconte qu’à l’époque il suffisait de frapper à une porte…pour travailler. Elle reste rue Thénard. Elle est médaillée de la famille française.

31 – Francis CHARLET, 70 ans, natif de Lomme L’homme est fier de dire qu’il habite dans la maison où il est né. Natif de Lomme donc, Francis est un passionné d’horloges. Ancien clerc de notaire, il a le verbe facile et derrière lui bon nombre d’engagements associatifs. Il réside Avenue de Dunkerque au Bourg.

32 – Elvira-Irma KINDT-BENINCA, 82 ans, orpheline lors du bombardement de Pâques 1944 Native de la Cité Verbeke (Mitterie), elle a perdu ses deux parents (Immigrés italiens) lors du bombardement de Pâques 1944 : « J’avais 18 ans, nous étions bouleversés ». Hébergés avec ses sœurs en foyer sur Lille, elle revient sur Lomme après son mariage avec Henri.

33 – Bernard MIELKE, 82 ans, polonais arrivé à Lomme en 1947 De nationalité polonaise, il est arrivé en France en 1944. Jusqu’en 1989, il n’était pas retourné dans son pays natal. Ce n’est qu’après la chute du Mur de Berlin qu’il put s’incliner sur la tombe de ses parents. Il votera pour la première fois en France le… 9 mars 2008.

34 – Conception BLONDEL-BARRADO, 86 ans, médaille de la famille française Fille de paysans espagnoles arrivés en France en 1916, Conception réside à Lomme depuis 50 ans. C’est rue Jean Jaurès qu’elle éleva sa ribambelle de… 13 enfants. Comme elle dit, je n’ai pas travaillé mais « je remuais la manchette. Je n’ai jamais perdu mon temps ».

35 – Roger LAVIEVILLE, 86 ans, commandeur du mérite du sang Bien connu des anciens, ayant participé à la libération de Lomme en septembre 1944, il a fondé en 1968 l’amicale lommoise des donneurs de sang dont il est aujourd’hui président honoraire. Ancien combattant d’Indochine, président de l’union locale des mutilés, veuves et victimes de guerre, il participe à toutes les manifestations patriotiques de la commune.

 

14/11/2007

Jeune Chevalier dans l'Ordre des Palmes Académiques

57abfc0af5c3f4a15a846d84c2a9aa88.jpgMon (jeune) ami Sylvain Tranoy a été nommé Chevalier dans l’Ordre des Palmes Académiques par décret du Premier Ministre. Ce (jeune) professeur agrégé d’histoire-géographie, président du comité Cambrésis-Europe, se verra remettre les insignes mérités ce vendredi des mains de Bernard Alluin, Président honoraire de l’université Charles de Gaulle Lille 3, université où Sylvain fréquenta davantage les couloirs des associations étudiantes que ceux des salles de cours. Non, ce n'est pas vrai. J’évoque cette décoration à titre tout à fait amical et aussi en pensant au travail réalisé (mais encore non paru) de l’intéressé sur Etienne Borne. Mais qui est Etienne Borne ? Né en 1907, il a vécu 86 ans. A sa mort, l’organe officiel du CDS écrit : « La démocratie chrétienne est orpheline et la philosophie perd un de ses grands croyants. Etienne Borne est décédé au terme d’un long et droit chemin, celui du philosophe engagé, insensible à toutes les modes et à toutes les inquisitions ». L’organe dans son édition du 24 juin 1993 relate également un texte de Pierre Kerlévéo : « Le maître est là : (…) Les soirs de lassitude … relisez Etienne Borne. Engagé dans maints combats, Etienne Borne a enraciné sa réflexion dans la cité, au MRP dont il gardait la nostalgie, au centre qu’il décrivait comme l’espace fragile de la géographie politique où la cassure serait mortelle… ».

Les biographies sommaires écrivent : Etienne Borne est Agrégé de Philosophie dès 1930, il devient ensuite Inspecteur d’académie de Paris (1961) puis inspecteur général jusqu’à sa retraite (1971-1975). Pendant la seconde guerre mondiale, il est résolument opposé au régime de Vichy. Il milite au mouvement Combat à Toulouse et est délégué régional à l’Information auprès du commissaire de la République en 1944. Membre fondateur du MRP, il collabore à l’Aube et à Forces nouvelles, sans faire de carrière politique. Grand professeur, auteurs de brefs ouvrages et de nombreux articles et conférences. Editorialiste de La Croix à partir de sa retraite, il a été présent dans tous les débats concernant la culture et la société.

Ses ouvrages : Dieu n’est pas mort - Essai sur l’athéisme contemporain Editions Fayard ; La Passion de la vérité Editions Fayard ; Le Problème du Mal Presses universitaires de France – Puf ; Mounier Editions Pierre Seghers ; Commentaires Editions du Cerf ; Les Nouveaux Inquisiteurs Presses universitaires de France – Puf ; Le Travail et l'homme Desclée De Brouwer 1937 ; De Marc Sangnier à Marc Coquelin 1953.

Texte inédit d'Etienne Borne, philosophe: « Le centre, difficile et nécessaire »

476098a0bbab79fa2d2465b967cf187e.jpg« Le centre, difficile et nécessaire » par Etienne Borne (5 Juin 1975)

Les hommes du refus des extrêmes n’ont jamais manqué de siècle en siècle ; ils ont eu des chances diverses et des fortunes inégales. Si, pour ne retenir que deux sortes d’exemple, la politique réconciliatrice du Béarnais désarmant les fanatismes opposés des huguenots et des ligueurs a laissé un heureux souvenir dans la mémoire nationale, le marais ou le juste milieu y font plus médiocre figure – ainsi cet orléanisme louis-philippard moyen terme entre la légitimité et la République dont l’immobilisme finit par engendrer une révolution et un césarisme. C’est que la notion même de centre souffre d’une ambiguïté qui la rend vulnérable aux lieux communs polémiques : un parti-pris de modération dans les jugements et les engagements peut être trop aisément dépeint aux couleurs décolorées des convictions tièdes et mineures ; et une trop raisonnable sagesse, prémunie contre tous les excès, semble laisser des traces moins profondes dans l’histoire que les ambitions démesurées ou les vives passions idéologiques. Ainsi, Robespierre, Bonaparte ou Lénine compteront plus que lafayette ou Kerenski.

Une plus radicale critique doutera même de la réalité du centre et lui fera interdiction d’exister. Si la lutte des classes est la concept-clef d’une science de l’histoire, ou plus généralement si la vie politique n’est pas plurielle et se ramène à un dualisme de type manichéen entre le principe du Bien et le principe du Mal, le centre, ou traînera une existence d’ombre, comme ces fantômes de vivants dans les fossés de la place assiégée, repoussés d’un côté, non reçus de l’autre, ou ne sera, dans sa fausse apparence d’un entre-deux, qu’un habile camouflage dont usera comme ruse de guerre l’un des camps affrontés. Que le centre refuse de rejoindre une droite autoritaire et nationaliste, et il lui sera démontré que, dans sa timidité et son inconséquence, il fait les affaires de la gauche révolutionnaire ; que ce même centre prenne ses distances par rapport à une gauche collectiviste, bureaucratique et intolérante, et on publiera, comme cela s’écrit partout, sans excès de génie, qu’il n’est que le masque d’une droite capitaliste et conservatrice.

Une telle argumentation, en prétendant démontrer qu’il n’y a pas de centre, parce qu’il serait impossible d’être véritablement centriste, prouve au contraire la nécessité d’un centre dont la première fonction est de contredire, par son existence même, les fanatismes politiques manifestés dans les raisonnements du type « qui n’est pas avec moi est contre moi », qui s’entretiennent les uns les autres en poursuivant chacun la destruction et la disqualification de l’autre, et qui s’accordent pour traiter ensemble en ennemis particulièrement haïssables les contestataires de la sacralisation et de l’absolutisation de la vie politique, auxquels ils ont, en effet, de bonnes raisons de disputer un élémentaire droit à l’existence.

En un sens, il n’est pas faux que les valeurs, en politique, sont soit à droite, comme par exemple le respect de la tradition et la piété envers le passé, soit à gauche comme la critique des institutions et l’appétit du changement, et qu’à proprement parler, le centre est introuvable parce qu’il n’y a pas de valeurs proprement centristes. Mais c’est précisément la dialectique démocratique de la droite et de la gauche qui fonde théoriquement la nécessité du centre et, pratiquement, propose à une politique centriste des possibilités toujours renouvelées. Car l’extrême-droite est le plus grand danger pour la droite comme l’extrême-gauche est le plus pressant péril pour la gauche. Participe à l’esprit du centre, dans ce qu’on appelle la droite ou ce qu’on appelle la gauche, quiconque pense et agit selon cette vérité capitale. Si bien que le centre n’est nulle part, sinon à droite, sinon à gauche, mais il s’agit dans ce cas de la gauche de la droite. Et selon les circonstances, centre-droit et centre-gauche peuvent se confondre, rivaliser ou coopérer.

Les représentations, en politique, sont toujours une combinaison confuse d’idées et d’images. Et il arrive que les images fassent tort aux idées. Ainsi l’idée de progrès imaginée sous la forme d’une ligne droite indéfinie, d’où il suivrait que la gauche d’aujourd’hui sera inévitablement la droite de demain, et que pour s’accorder au rythme du temps et entrer triomphalement dans l’avenir, il faudrait se précipiter toujours plus avant, c'est-à-dire vers la gauche. En réalité, de la même manière que la terre est ronde, l’espace politique est courbe, l’extrême-gauche et l’extrême-orient y rejoignent l’extrême-droite et l’extrême-occident. Si bien qu’on n’est nulle part éloigné des autoritarismes et des totalitarismes classés à l’extrême-droite qu’en se situant dans ce qu’il faut bien alors, corrigeant l’image par l’image, appeler le centre. La mythologie du dépassement expose ses crédules victimes à un inévitable retour en force du prétendu dépassé, dont on s’est étourdiment rapproché en s’imaginant l’avoir laissé loin derrière soin.

Il y a cependant une vérité du dépassement, et elle ne va pas sans un difficile effet de critique et d’invention, de réconciliation et de synthèse qui pourrait donner son véritable contenu à l’idée de centre. Idée qui serait en même temps une tâche et qui ne manque pas d’occasions de s’employer dans l’actuel contexte français où les partis dans la majorité comme dans l’opposition ont besoin de la présence active d’un centre pour prendre conscience de leurs propres problèmes.

De quel lieu, en effet, faire comprendre à l’UDR que la crispation héritée du gaullisme sur le thème de la souveraineté nationale ne peut que nuire à son propos de participation , capable de démocratiser le monde du travail, et qui, lui, est véritablement progressiste ? Ou aux républicains indépendants qu’ils n’auront de doctrine cohérente que s’ils savent distinguer entre un vrai et un faux libéralisme, celui qui implique tolérance, ouverture, liberté à l’égard de tous les préjugés, notamment nationalistes, et celui qui est un fâcheux héritage du XIXème siècle et, par sa confiance dans les mécanismes capitalistes, reste un obstacle aux avancées de la justice ? Au Parti Socialiste que l’humanisme démocratique qui est l’une de ses deux raisons d’être demandera un jour ou l’autre la révision assez radicale d’un marxisme dont les conséquences, dès lors qu’il est mis en pratique, sont inévitablement totalitaires ?

Le centre ainsi compris n’est pas une basse vallée où médiocrement camperaient les prudences ennemies du risque. Il est un haut lieu d’affrontements et de dialogues, le plus exposé aux assauts de sens contraire, mais qui permet parfois de voir assez loin, par exemple lorsqu’il a été occupé par une démocratie-chrétienne qui a réalisé la dissociation du spirituel et du réactionnaire. Qui parlait de la stérilité historique du centre ? Lisons « Le Monde » commémorant le 25ème anniversaire du 9 Mai 1950 et évoquant ce moment où «  la France avait fait passer le frisson de l’histoire par la voix de Robert Schuman ». On a bien lu, en un journal où on redoute l’inflation de l’épithète : « Le frisson de l’histoire ». Une idée révolutionnaire combattue à droite et à gauche. Un homme du centre.