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08/05/2016

Claude Wyckens, Président de Lomme Confiance de 2001 à 2006, fidèle du comité de quartier

100_1308.JPGClaude habite le Marais de Lomme. A cents pas d’une usine d’incinération des déchets ménagers. Dans un quartier industriel, déserté par l’industrie textile mais où les activités polluantes restent nombreuses. A commencer par ces usines de transformation des métaux qui rejettent quantité de cochonneries comme il dit dans l’atmosphère. Claude en est convaincu depuis longtemps, ces rejets sont la cause de nombreux maux. C’est au nom de la défense de l’environnement qu’il veut maintenant se battre. Cela tombe bien. Une association non-partisane et transversale vient de se créer. Elle rassemble des gens différents qui dénoncent de concert des atteintes graves à l’écologie du quartier. Il les rejoints en prenant l’attache de son président, un ingénieur chimiste, aux allures tout de suite rassurantes. Une valeur sûre aux yeux de celui va s’engager et qui a derrière lui un lourd passé syndical. La confrontation, il connaît. La manif aussi. C’est par une manifestation qu’il va débuter. Celle qui a rassemblé tout le quartier dans un vaste défilé contre l’implantation de Derichebourg. Halte aux nuisances et aux pollutions, tel est le nouveau credo de Claude Wyckens qui ne peut pas croire que l’on va implanter un dépôt de déchets non recyclables dans un quartier déjà tant imprégné de saletés. C’est toujours lui qui le dit.

 

Pour lutter contre tous les maux, les mots sont parfois utiles. Claude est de toutes les enquêtes publiques, ces cahiers déposés dans les mairies et qui attendent les observations citoyennes. Sans bien souvent ne rien voir venir. Sauf Claude. Lui est de toutes les parties. Avec ses mots, son style, sa rigueur. Il note, avec précision, ses observations, ses calculs, ses recommandations. Sur Derichebourg, l’association « Deûle-Environnement », dont il est devenu le secrétaire, a obtenu gain de cause. Pas d’implantation possible suite à cette marche de décembre 1995 dont il se remémore les moindres détails : « Nous avons défilé de la Croix du Temple jusqu’à la mairie en scandant –Derichebourg à la cour, pensez à nos enfants ». Une première victoire pour celui qui estime enfin avoir réussi sa reconversion. Il continue de défendre des causes désespérées. Un carburant essentiel à mettre dans son propre moteur. Une façon toute personnelle d’avancer. (...)

Politiquement, Claude Wyckens veille jalousement sur son indépendance d’esprit. Lui qui a côtoyé Alain Maillot et son épouse, le cousin direct du Général de Gaulle, n’a pas varié. « Je suis toujours Gaulliste » dit-il. Avant d’ajouter gravement: « Gaulliste de De Gaulle ». Pour lui, Il reste le plus illustre des dirigeants français, une forme inégalée de gouvernance, quelqu’un que l’on cherchera à copier mais qui ne peut pas l’être. En De Gaulle, c’est la valeur qu’il voit. Le personnage que la France a eu, il n’y en a qu’un. Difficile pour lui de changer de rails. Difficile pour lui de se retrouver dans les clivages d’aujourd’hui. Claude Wyckens entonnerait bien cette formule si chère à De Gaulle : « Ce n’est pas la France la gauche, ce n’est pas la France la droite ». En 1968, Claude joue son rôle en apportant des cigarettes aux piquets de grève de l’usine Neu à Lomme. Sa façon à lui d’être solidaire avec ceux dont il pense qu’ils avaient raison : « Les patrons ont d’abord voulu leur revanche de 36. Maintenant ils veulent la revanche de 68 ». En 1996, il sympathise avec un groupe politique lommois « Lomme Confiance » qui affiche un objectif de rassemblement. Rassembler, encore et toujours. C’est pour aider et rassembler que Claude s’engage. Et pour cela seulement. Il sera président de l’association de 2001 à 2006. C’était pour lui un moyen de continuer à s’exprimer même s’il regrette que dans ce cadre-là, son action fut limitée.

 

claude et denise wyckens au conseil général.JPGSa fibre militante et citoyenne, il va la développer dans les comités de quartier, mis en place à Lomme en 2001. Là aussi, il tape du point sur la table et monte le ton. Mais comme il le dit souvent, si on ne fait pas entendre sa voix, on devient un béni oui-oui, une machine à enregistrer. Et dans ce domaine, il en connaît un rayon. Pas question pour lui de faire carrière. Dès lors, il s’accommode assez mal des formes que revêtent bien souvent tous les apparats de la démocratie locale. Trop éloignée des réalités concrètes juge t-il sévèrement. Néanmoins, il espère que les choses puissent changer, que les avis puissent être entendus et qu’un homme de la stature de De Gaulle revienne un jour au pouvoir. Pour s’occuper des questions de santé notamment.

WP_000215.jpgJusqu'en 2012, Claude Wyckens a été un militant actif. Pour preuve ces deux photos qui disent tout ! WP_000214.jpg

 

19:25 Publié dans 2016, Lomme | Lien permanent | Commentaires (0)

La fabuleuse histoire professionnelle de Claude Wyckens...un dépanneur et vendeur hors-pair !

Une vie professionnelle exclusive : de LillSonor à Boulanger !

 

Claude syndicaliste.jpgPour acheter « sa » maison, Claude a travaillé dur. Depuis l’âge de quinze ans, rien ne l’arrête. Rentré par nécessité économique chez Demeyère aux Bois-Blancs, il travaille de sept heures du matin à dix sept heures et quinze minutes. Pas une de plus car il va aux cours du soir à Diderot pour apprendre le métier qu’il a en tête depuis des lustres : radio-électricien. Il oblige son patron à le laisser partir pour apprendre, ce que le dirigeant refuse d’emblée. Qu’à cela ne tienne, le jeune ouvrier va à l’inspection du travail. Le lendemain, il affiche la législation sur les murs de l’usine. Déchirée, il rapplique en surlignant la règle au feutre rouge. Le patron finit par reconnaître les qualités de l’ouvrier, et notamment son volontarisme pour aller dépanner directement chez les revendeurs. A vélo. Jusqu’à Armentières. En travaillant à la chaîne, en meulant ses brûleurs, en découvrant le monde physique du travail, Claude Wyckens fait son apprentissage. La révolte est là, si nécessaire. Il est mis à pied deux jours pour ne pas avoir chaussé les lunettes d’un coéquipier. Il pense déjà que chacun doit avoir sa paire de lunettes. Faute d’avoir voulu mettre celles d’un compagnon de travail atteint d’une infection aux yeux, il attrape une limaille dans l’œil. L’infirmière ne veut pas lui faire de feuille de maladie. Rebelote. Il file chez l’ophtalmologiste qui lui ôte le corps étranger et lui signe une feuille d’accident du travail.

Claude Wyckens n’était pas encore syndiqué mais déjà, il savait défendre ses droits. C’est ainsi qu’il se retrouva contre son propre patron aux prud’hommes à dix-sept ans seulement. Il obtient contre toute attente des indemnités pour les parcours faits à vélo dans le cadre des dépannages. Mais cerise sur le gâteau, il emporte l’affaire pour licenciement abusif. La somme perçue à la clé, il la donne immédiatement à sa mère. Une pratique systématique qu’il maintint jusqu’à son mariage six ans plus tard.

Les cours du soir, il s’y accroche. Après Demeyère qui l’avait licencié, il entre chez Dumanois à Lomme, spécialiste des charpentes métalliques. Un métier difficile qui lui valut de s’empaler le rein sur un fer. Pas encore embauché, il se rend à la visite médicale obligatoire. Là, on lui découvre une sérieuse infection des poumons. Le verdict est sans appel : quinze mois d’arrêt minimum avec obligation de se soigner. Condamné à rester chez lui mais pas à stopper ses études nocturnes. Il commence alors à fréquenter le radio-club de la SNCF, rue Salengro, à l’entrée de la cité. C’est là qu’il retrouve son frère Raymond mais aussi qu’il répare gratuitement les postes de radio-diffusion des cheminots de Délivrance.

Une véritable passion est née. Si la télévision a fait irruption dans les familles en 1954, Claude Wyckens a trouvé toute sa dimension avec elle. C’est le 17 octobre 1956 qu’il fait le grand saut dans le monde de la radio-télé-diffusion. Juste après être rentré de cure, histoire de changer d’air pour ses poumons affectés. C’est sur le plateau d’Assy qu’il passa trois bons mois. Il s’y rendit le jour de ses vingt ans, accompagné de son frère. S’il en est revenu, c’était pour une fille. En fait, les ouvertures dans ce domaine étaient également nombreuses. Mais c’est à Lomme qu’il revient pour vivre et c’est à Lille qu’il signe son premier contrat de travail, en 1956 donc.

A vingt ans, il s’engage avec Monsieur Dumont, rue Charles Quint. L’enseigne affiche Radio-Sylviane et là on fabrique des postes et des téléviseurs. C’est l’époque des premières modulations de fréquence, l’époque des chassis D venus de chez Cathodique. Pour la vente, on agençait le tout avec la marque Sylviane. Dans la petite entreprise, Claude est efficace. Il faut produire trois postes dans la journée. Pour lui, c’est le plus souvent quatre postes qui sortent de son atelier personnel. Pas question pour autant de parader ou de faire le fier. Il n’hésite pas à passer le surplus à son collègue handicapé, qui a souvent un poste de retard. Rapide mais aussi distrait, il arrivait au jeune apprenti de faire des erreurs. Toujours profitables de son point de vue car c’est ainsi qu’il a développé son sens du dépannage, sous l’œil vigilant de Monsieur Albain qui contrôlait la production.

Neuf mois dans l’atelier. Au bout de ces neuf mois, Claude rencontre un certain André Brams. Nous sommes en juillet 1957. Une annonce est parue dans le journal. LillSonor, installée 167 rue Gambetta, cherche un dépanneur télé. A l’essai, Claude fait sensation. Il est embauché dans cette petite entreprise où il va quintupler ses talents. C’est là qu’il va non seulement dépanner mais aussi apprendre à vendre. Grâce à un vendeur italien, Dominique. Dans toutes les foires commerciales, il apprend à vendre des aspirateurs à l’arrachée. C’est les débuts de l’âge d’or de la société de consommation. Pour convaincre la clientèle, il utilise des subterfuges. Des filouteries comme il dit comme celle consistant à laquer la moquette avant d’y déverser la suie. Difficile dans ces conditions de pénétrer le tissu. Facile de vendre les mérites de l’aspirateur. Le début de la publicité mensongère qui a pris de nos jours une dimension toute particulière. Maigre consolation. Les commissions sur les ventes atteignaient 20%. Un mixeur se disputait deux fois le SMIG de l’époque soit un peu en dessous de 1.000 francs. Claude, lui, empochait cinq à six fois le SMIG, ce qui était une belle récompense.

(...)

Claude chez Lillesonor.jpgA LillSonor, Claude va affermir ses connaissances, affiner ses stratégies. Durant dix neuf années. Le patron diversifie son activité et incorpore Claude dans la société pour bons et loyaux services. Au point de faire de lui un fondé de pouvoirs en 1966. De technicien, il devient un vrai commercial, avec un bagou inégalable. La filiale de LillSonor, Set, une petite agence immobilière installée à une encablure, au 113 de la même rue, commence à vendre des meubles sur catalogue. Claude s’en fait, en un rien de temps, une spécialité. Le commerce des postes Thomson en exclusivité également. C’est pour les deux maisons, LillSonor et Set, qu’il fait le dépannage jusqu’en 1976. En fait, il vendait, il dépannait, il montait et il livrait. Dimanches compris car le magasin était situé dans une zone de marché. Financièrement, l’affaire est entendue. Claude est passionné. La santé en prend un coup, sûrement. La vie de famille aussi. Denise en reparlera plus tard. Ce n’est pas dix heures qu’il fait par jour mais souvent quinze voire dix sept heures. Claude est passionné mais pas ambitieux. Le patron lui avait laissé entendre qu’il lui céderait le magasin à bon compte, à l’heure de sa retraite. Claude ne s’entoure pas de garanties. Denise, quant à elle, est depuis le 2 novembre 1956, laborantine en gastro-entérologie au CHR de Lille. Un métier qu’elle exercera jusqu’au 5 mai 1965, quelques heures avant la naissance de son premier fils, Eric.

Quand l’heure de la retraite arrive pour le patron de LillSonor, Claude est licencié économique. En guise de remerciements pour services rendus au centuple, il se voit renvoyé sans explication. L’occasion pour lui de reprendre contact avec le tribunal des prud’hommes et de contacter le syndicat FO, la seule organisation qui accepte alors de le défendre. C’est dans ce cadre qu’il fait la connaissance du premier secrétaire de section FO du commerce non alimentaire, Jean-Pierre Laviéville. Il n’est pas inquiet pour autant car ce n’est pas le travail qui manque. Au regard de son expérience, il n’a qu’à se tourner vers la concurrence. Le secteur est en pleine expansion. On cherche des talents.

Il appelle un certain Bernard Boulanger, qu’il a en personne au bout du fil. C’est muni de son attaché-case qu’il va le rencontrer. Celui qui va se construire un petit empire dans le domaine de l’électroménager veut embarquer Claude Wyckens dans les meilleurs délais. C’est le 31 octobre 1976 que celui qui avait été mis à la porte va rendre les clés du coffre fort, les clés de deux magasins et signe en solde de tout compte, un simple papier de remise. Après quoi, il peut rentrer chez Boulanger. LillSonor disparaît du paysage.

Une nouvelle vie commence pour notre électricien-vendeur. A Bernard Boulanger, il avait posé la question : « Vous me prenez comme dépanneur ou vendeur ? ». Je prends les deux avait-il répondu avec gourmandise. L’idée étant de faire de sa nouvelle recrue un bon sous-directeur de magasin.

Rue Gambetta, à deux pas de son ancienne enseigne, Claude est le nouveau vendeur des établissements Boulanger. Ses anciens clients se ruent dans les rayons. Les anciens vendeurs ne comprennent pas bien le phénomène. Eux campent dans un rayon, lui est partout. Le patron laisse faire. Il est connu. Il connaît les produits sur le bout des doigts. Et puis, il cause pour dix. Il prend l’engagement de se déplacer chez le client. Du jamais vu pour l’époque. Le record est battu le jour où le magasin Boulanger de la rue Gambetta voit les ventes de magnétoscopes augmenter de 326% ! Un record que Claude Wyckens revendique modestement, lui qui a gravi les échelons d’une belle entreprise familiale. En 1978, Bernard Boulanger lui demande de prendre la relève au niveau syndical. FO, avec ses trois cartés, pèse peu face aux représentants du syndicat dominant et tout puissant de l’époque. Il prend son rôle à cœur en créant des formations internes pour l’ensemble des salariés. C’est chez lui qu’il prépare les formations, en filmant ses cours de démonstration. Pour former les vendeurs et les directeurs de magasin, il mobilise toute son énergie. La maison de la rue de l’Egalité est transformée en vraie succursale de la rue Gambetta. On y trouve les appareils en dépôt, ceux en démonstration pour argumenter lors des formations internes. Ceux à dépanner. Ceux à décortiquer. Ceux à découvrir. Pour le remercier, Bernard Boulanger lui a offert un magnétoscope. Un Continental Edison pour la coquette somme de 8.500 francs de l’époque. Quatre fois le salaire moyen d’un bon vendeur en 1982. Un beau cadeau. Un vrai cadeau.

Commercialement parlant, Claude Wyckens noue des contacts pour vendre des magnétoscopes y compris en Afrique. Par centaines. V 2000, Betamax, Philips, Thomson, Brandt, toutes les marques s’exportent. Les temps sont fous. Il se souvient qu’il y avait parfois quatre téléphones qui sonnaient, en même temps, autour de lui. Tous pour lui. Tout cela, c’était finalement dur à maîtriser. La période est exaltante. Mais avec du recul, Claude est persuadé que cette activité abondante a porté atteinte durablement à sa santé. Cumuler onze mandats, peu d’hommes peuvent et savent le faire. Lui est entré dans la petite entreprise des frères Boulanger en 1976. Il en est ressorti dix-huit ans plus tard. L’entreprise comptait vingt quatre magasins dans toute la France.

La philosophie de l’entreprise collait finalement bien avec la sienne, très personnelle : s’occuper dignement de la veuve et de l’orphelin. Avec du recul, Claude se rend compte qu’il a côtoyé beaucoup de monde, qu’il a eu et vu tous les cas. Il a développé sa sensibilité, validé concrètement ses connaissances juridiques, sociales et aussi humaines.

Au moment du départ de Monsieur Boulanger comme il dit, il n’a pas voulu manquer l’occasion. Il fallait saluer celui qui incarnait à ses yeux un cocktail de franchise et d’humanité. Un homme de caractère qui a aujourd’hui quatre-vingt ans, qui connaissait son personnel. Claude fut très fier d’être parmi les cinq de la maison Boulanger à aller chez lui pour fêter ses soixante ans. En retour, Claude n’a pas imaginé un instant que le fondateur quitte l’entreprise sans remettre une médaille du travail aux salariés en activité. C’est alors qu’il suggère à celui qui, affairé dans ses cartons mais qui va laisser là beaucoup de lui-même à commencer par une solide empreinte, d’honorer la cérémonie. Touché, immédiatement, il répond par l’affirmative : « Je suis d’accord et je paie les repas » lance t-il à Claude. Le dernier clin d’oeil de celui qui fut son collaborateur sera de lui réserver la plus grande récompense. Claude confiera ainsi au plus âgé des salariés, René Vanderghoot, le soin de passer autour du cou du patron sur le départ, une grande médaille en chocolat. Voilà comment se termine l’histoire d’une vie professionnelle aussi riche qu’éclectique. Mais pouvait-il en être autrement pour celui qui avait fait la preuve jusque là d’une grande détermination et d’un courage à toutes épreuves ? L’histoire retiendra son vif appétit pour le travail et son peu d’empressement pour l’argent facile. Il a su se tenir à distance des escrocs en tous genres. Incontestablement, il s’est fait avoir à plusieurs reprises. Mais sa nature est restée inchangée. Aujourd’hui comme hier, il peut se regarder honnêtement dans la glace de son miroir. Il n’a volé personne. Il a aidé tout le monde. Ceux qui l’ont côtoyé en sont les témoins vivants.

 

Le combat syndical

Quand il est licencié le 30 septembre 1976, Claude Wyckens, qui n’est pas engagé politiquement, va voir le syndicat qui est le moins marqué idéologiquement : Force Ouvrière. Parce que cette organisation défend concrètement les préoccupations des salariés, elle trouve grâce à ses yeux. Souvenez-vous, déjà sa mère, avait fait le choix de FO quelques années plus tôt, elle qui avait repris une activité en atelier. C’est donc vers ce même syndicat, qui incarne le réformisme et qui est aussi en expansion, que Claude se tourne naturellement. Il ne sait pas encore que c’est sous cette bannière et au sein de cette structure indépendante qu’il mènera des combats efficaces en faveur de la défense du pouvoir d’achat et de la protection sociale. Signe des temps, c’est donc à la porte d’André Bergeron qu’il frappe alors même que le lendemain, il est embauché après avoir ouvert celle de Monsieur Boulanger. La société n’est pas encore un petit empire mais si l’ambiance est familiale et humaine, les magasins essaiment. Rue de Paris, Place de la Nouvelle Aventure, Rue Gambetta, mais aussi à Emmerin, Roubaix, Tourcoing, Wattrelos, etc. L’entreprise a plus de cinq cent salariés sous sa coupe.

Aux élections syndicales de 1978, les CGtistes sont majoritaires avec quatre-vingt neufs voix pour quarante à la CFDT et seulement vingt à FO. A cette même époque, il y a trois syndiqués FO dans les établissements Boulanger. A sa manière et à sa place, en peu de temps, Claude Wyckens va participer à l’essor syndical dans l’entreprise. Lui qui voit derrière le CGT le spectre communiste. C’est le stalinisme et son lot d’atrocités qui ne passent pas chez lui. Raison de plus pour ne pas inviter la politique et sa révolution utopique dans la vie des salariés. D’autant qu’il le confesse, avec la CGT, il n’y a pas de discussion possible à l’époque. Lui préfère le dialogue. André Bergeron, qui tout un symbole a pris sa première carte à quatorze ans, l’année de naissance même de Claude Wyckens, incarne l’ouverture. L’ancien typographe qui a aujourd’hui quatre-vingt six ans continue de raconter comme ce 15 Avril 2008 à Lille, qu’il « était convaincu, et l’opinion avec lui, que les syndicats libres devaient se garder de toute opinion ». Et d’ajouter plus tard : « Il faut accepter que les patrons défendent leurs intérêts et que nous défendons ceux des salariés ». Celui que Claude Wyckens décrit à l’époque comme très à l’aise dans ses conversations et ses discours, a marqué toute une génération de jeunes syndicalistes. C’est donc pour un syndicalisme différent, emprunt de dialogue, que Claude signe. Il sait que c’est pour défendre la cause des salariés, améliorer les conditions de travail, obtenir davantage de congés payés, qu’il s’engage. C’est au service de l’intérêt général des ouvriers, employés et cadres de ce secteur du commerce non alimentaire, qu’il va mettre toute son énergie.

Au départ, il l’avoue lui-même, il n’avait pas les connaissances, juste les rudiments. Au sein de la Fédération des Employés et Cadres (FEC), il fait énormément de formations. La formation, c’est la règle dans un syndicat. C’est ainsi qu’il apprend l’abécédaire du syndicalisme et entrevoit les échelles de la représentation : délégué syndical, délégué du personnel, représentant au comité d’établissement. Des formations, il en a faites sur Lille, au siège départemental de FO rue Barthélemy Delespaul. Mais aussi en France où il était régulièrement convié à des congrès et des conférences professionnelles en tous genres. « On montait à la tribune et on prenait la parole » s’amuse t-il en repensant à ses débuts. Sa façon à lui de gagner en assurance et de forcer le destin.

Au sein de l’entreprise, il a su rapidement inverser la tendance. Sa personnalité a permis d’accroître son influence. La confiance est apparue dans les urnes dès 1980, année où FO fût majoritaire. Il ne fallut donc que deux ans au jeune délégué syndical pour relever le défi et mettre à mal le monopole de la CGT. Pour cette dernière, il était devenu le visage patronal. Un raccourci pour celui qui ne faisait pas de distinguo entre les personnes. Derrière chaque situation, il voyait l’être humain et sa famille. FO, il l’était mais au service de tous, il l’était encore davantage. Dans l’entreprise, FO c’est un peu un « syndicat Wyckens », une organisation spéciale. Il s’était fait l’écho à la fois des directives de Monsieur Boulanger qui voulait que l’on prête attention à la veuve et l’orphelin. Une ambition que Claude avait reprise en la mettant en pratique. Il n’a cure des mots et des grands discours. Ce qui l’anime, c’est la défense des causes à commencer par les plus désespérées.

Là où certains, par dépit, laisse tomber l’affaire, lui la reprend. Tel un avocat des causes perdues, il avance. Il plaide l’indulgence même quand il y a une faute. Il visite les familles en détresse. Il prenait sur ses heures de délégation et aussi trop souvent sur son temps personnel. Syndicaliste, mais aussi assistant de service social, il visite les malades. Un dimanche, il se souvient avoir été avec Denise, faire l’ambulance pour une personne de l’entreprise. Cette passion est forcément devenue envahissante. Dans l’entreprise, les surnoms affluaient : le Bon Samaritain, le Père Révérend Wyckens, Don Quichotte. Aussi sympathiques qu’ils soient, ils en disent long sur l’étendue des services rendus par celui qui n’était finalement qu’un modeste délégué syndical. Sa tâche, il la prenait à cœur, totalement. Au point de le rendre aveugle. C’est ce qu’il suggère aujourd’hui avec le recul des années. Il n’avait pas d’aide. Il prenait sur le temps et les loisirs familiaux. Pas étonnant dès lors que le score de FO progresse à chaque rendez-vous électoral syndical. En 1981, il obtient 93 voix contre 89 à la CGT. Plus tard, il dépasse les cinquante pour cent des inscrits, ce qui confère à FO un pouvoir protocolaire. D’interlocuteur privilégié, il s’installe dans un rôle à sa mesure. Il savait jouer de pressions utiles. Quand la direction ne voulait pas négocier sur les salaires ou les conditions de sécurité, il savait s’imposer, jouer des coudes, entamer la comédie. Avec le directeur de l’entreprise qu’il avait connu comme comptable chez Radio Sylviane, il avait gardé un excellent contact. Il savait le bousculer s’il le fallait. Débouler au siège administratif de Lesquin, sans frapper à la porte, il l’a fait. Quand le devoir l’exigeait. Devant un autre directeur général, il se souvient avoir débité son chapelet. Pour se voir rétorquer : « La colère est mauvaise conseillère Monsieur ».

Ses actions étaient tout azimut. Il n’était pas seulement délégué syndical mais aussi représentant au comité d’établissement puis secrétaire du CE. Plus tard, il trouva sa place au conseil d’administration des établissements après avoir été repris en 1986 par la famille Mulliez. Il était de toutes les commissions, celle de la pêche bien sûr, mais aussi celles du football, de la piscine, des vacances et des fêtes et cérémonies. Il faisait tout cela en plus du travail. A ces tâches diverses et variées, il ajoutait la visite des magasins. S’il ne pouvait être partout, il faisait les déplacements sur ses deniers personnels. Il devient membre du bureau de la FEC et membre de la commission exécutive. Tous les mois, il monte à Paris et il va jusqu’à siéger au Ministère du Travail pour discuter régulièrement de l’évolution de la convention collective de sa branche professionnelle.

Sa réussite suscite des jalousies. Régulièrement, on lui rappelle que le syndicat c’est bien FO. Que le patron c’est un tel et pas lui. Que nenni. Il visite les magasins de France et fédère au nom de la défense qu’il se fait des salariés. Il se souvient de ce jour où il prit trois avions dans la journée pour visiter les trois magasins de St Priest, Bordeaux et Carquefou. Dans le Sud de la France, il syndique à partir du Nord. Une pratique contestée mais qui pour lui se défend. Sans cela, pas de syndicat. Quand il rejoint Evelyne à St Priest, déléguée de site, il sait rassurer et apporter des réponses précises aux questions qui se posent. Ce qu’il a appris en formation, il sait le ressortir avec aisance. Il apporte du réconfort aux employés du secteur. Il indique les erreurs et les pièges à éviter. Il estime avoir « été de bon conseil » pour tous ces salariés syndiqués mais égarés. Des conseils, il savait en donner aussi au téléphone. Monique de Toulouse savait appeler à la maison familiale à minuit, c'est-à-dire juste après le retour de Claude à la maison. Et à cette heure-là, la ligne était moins onéreuse. Cela comptait. A l’heure de la visio-conférence et des numéros verts, on se rend compte que le système D d’hier avait déjà tout inventé.

Quand Monsieur Boulanger vend ses parts de l’entreprise à la famille Mulliez en 1986, Claude reste. Il a juste cinquante ans. Il a des contacts amicaux avec le directeur général Jean-Louis Landrieux. Il siège à partir de 1989 au conseil d’administration en tant que secrétaire du premier comité central d’établissement. Il se souvient de l’époque. « Nous avions de bons rapports et de bons échanges ». Même s’il confesse avec sa casquette syndicale que les temps ont changé. Les enjeux sont étroitement financiers. Les nouveaux dirigeants ont des ambitions plus importantes sur le plan national. Monsieur Boulanger en sait quelque chose, lui qui a tenu l’étendard de son établissement dans cette période agitée des années quatre-vingt. La société de consommation a pris ses marques, la concurrence est partout. On commence à parler de chômage. Claude commence à le ressentir au plan syndical. Il se souvient aborder cette nouvelle vie de l’entreprise avec des méthodes plus anciennes. Il est vite débordé. Même s’il sait qu’il peut maintenant compter sur Irène au bureau. Cela ne suffit pas. Il lui faudrait plus de temps pour faire la tournée des sites toujours plus nombreux. Sa gouaille syndicale, il la transmet par les ondes télégraphiques. Dans tous les magasins, il a désigné des têtes de pont. Voilà FO avec force ambassadeurs dans toutes ses enseignes. Le délégué Wyckens a monté son échafaudage militant. Histoire de résister face aux autres syndicats et histoire de tenir bon face à la direction de l’entreprise. C’est à la maison de Lomme que s’affinent les tracts qui sont distribués dans toute la France. Denise, l’épouse, se souvient avoir participé systématiquement à la rédaction. On rédigeait, on distribuait, on collait.

De toutes ces années, Claude ne renie rien. Il se savait virulent. Il savait qu’il défendait les gens avant le syndicat. Il a su se ménager une vie de famille malgré la passion grandissante. Il a craqué parfois, face à des salariés en souffrance. Il a fait plus que son devoir ne l’exigeait en portant une attention exemplaire à ses camarades de travail, ceux de la Rue Gambetta mais au-delà. Quand la direction eut besoin de lui, pour les tâches les plus difficiles, elle su le trouver. Toujours à la hauteur par humanité. Après son départ de Boulanger, le directeur des ressources humaines, Monsieur Alain François, détaille ses états de service. Instructifs. « Monsieur Wyckens a été l’un des interlocuteurs privilégiés de la direction du fait de l’importance de la section FO, importance qui était le reflet du travail militant et la crédibilité de Monsieur Wyckens auprès du personnel ». J’ai gardé, écrit-il plus loin « le souvenir d’un homme animé de fortes convictions qui se battait âprement pour les idées ou les gens, parfois avec quelques excès dans l’expression immédiate, pris dans le feu de l’action… mais toujours capable d’adopter des positions de conciliation dans un esprit constructif ». Et de conclure : « Cet esprit était renforcé par un attachement très fort à l’entreprise. Monsieur Wyckens faisait partie de cette génération de syndicalistes militants très engagés, parfois trop, mais qui avait d’abord le souci des autres et de la cause commune avant d’avoir le souci de ses propres intérêts comme cela est malheureusement souvent le cas aujourd’hui ».

Cette sorte d’hommage personnel n’a pas fait l’objet d’une publicité. Mais il traduit une réalité. Même si les toutes dernières années furent les plus difficiles. A cinquante huit ans, Claude Wyckens accepte, après quarante trois années de cotisations sociales, un contrat FNE. Difficile de partir joyeux dans de telles conditions. Ironie du sort, la caméra présente lors du pot de départ livre des images sans son. « Sachez que je serai toujours là » fut finalement son dernier mot à l’endroit d’une direction consciente de son attachement viscéral à la maison Boulanger. Cela le motiva pour continuer à conseiller la relève syndicale, emmenée par Christian Bar et Bruno Lahaut.

 

 

 

19:07 Publié dans 2016, Lomme | Lien permanent | Commentaires (1)

Hommage à notre ami Claude Wyckens, un grand merci à lui !

WP_001213.jpgL'homme à la cravate impeccable, l'ami fidèle depuis tant d'années, le gaulliste de toujours, le syndicaliste déterminé, le lommois acharné, le réparateur d'électro-ménagers, l'homme de chez Boulanger, d'une gentillesse sans pareille, s'en est allé.

A son épouse Denise, ses deux fils Eric et Emmanuel, à ses petits-enfants, j'adresse, en mon nom et au nom de toutes celles et ceux qui ont participé à nos équipes citoyennes et militantes depuis 1997, l'expression de mes condoléances les plus attristées et ma reconnaissance pour cette vie d'engagements forts, concrets, nobles.

Cher Claude, merci pour ce que vous avez apporté à notre association Lomme Confiance, puis Lomme à Coeur, pour les milliers de tracts que vous avez déposés dans les boites aux lettres lommoises, pour tous nos échanges toujours courtois, inspirés et constructifs, pour votre détermination et votre bonne humeur.

Avec Gilbert (Deux) ci-dessous, nous faisions une belle équipe ! La meilleure ! Lui en maillot de foot, vous en  cravate, moi en entraineur. A Dieu Cher Claude. Et merci !

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13:00 Publié dans 2016, Lomme | Lien permanent | Commentaires (0)

24/04/2016

RD 48 à Loos - Saisine en urgence du Conseil Départemental

Objet: Saisine en urgence du département en vue de faire condamner définitivement, dans le mois à venir, l'accès direct du parking de l'ILIS à la RD 48.

5 poteaux ILIS.jpgMonsieur le Président du Conseil Départemental,

Vous avez bien voulu me faire parvenir des éléments factuels très importants et vous en remercie très sincèrement. Ils démontrent que l'ILIS qui dépend de l'Université de Lille 2, avait été invité (sommé ?) avant l'accident du 22 avril 2015, par les services départementaux, de clôturer l'accès direct à la RD 48.

C'est très clair dans votre document, si l'ILIS avait pris les dispositions nécessaires, l'accident mortel ne serait pas intervenu.

Le sentiment que ce débouché sur la RD 48 est d'une dangerosité extrême, saute aux yeux de toutes les personnes qui connaissent les lieux. Monsieur et Madame Dreumont, moniteurs auto-école toute une vie, m'ont redit vendredi soir, 22 avril 2016, en boucle, combien il est impossible qu'un tel débouché sur une route départementale existe. Personnellement, je n'ai en effet jamais vu une telle situation.

Le lendemain de l'accident, l'ILIS a barré l'accès à la RD 48 en posant d'abordes barrières métalliques puis 5 plots métalliques (photo 1). Ma conviction est faite, après la journée d'hier et le temps passé sur les lieux: ces plots qui permettent toujours aux piétons, vélos, deux-roues de passer, sont une insulte à la mémoire d'Olivier Dreumont.

Les motards présents hier, tous anciens élèves du moniteur exemplaire qu'était Olivier Dreumont, semblent vouloir que les choses bougent maintenant vite. Je pense que sur ce point du débouché de l'ILIS, au delà du symbole, dans le mois qui vient, l'ILIS doit clôturer définitivement l'accès comme suggéré dès avant l'accident par les services départementaux.

Je vous demande donc, Monsieur le Président, de saisir en urgence la direction de l'ILIS et la direction de Lille 2, afin que dans le mois l'accès soit définitivement condamné. C'est ce qui avait été fait le lendemain de l'accident, la photo 2 l'atteste. ILIS Barrières.jpgUne fermeture totale de cet accès, qui ne se justifie en rien puisqu'il n'y a aucun passage pour piétons, aura en plus le mérite de faire bouger l'ILIS et les différents partenaires sur les flux de circulation, notamment piétonniers.

Comment est-il possible que des milliers d'étudiants soient amenés à traverser cette route sans disposition ? Comment est-il possible que ce secteur connaisse une aussi dense population étudiante sans que des dispositions élémentaires de sécurité soient prises ? Photo 3 de la densité des lieux...Plan CHRU avecc accès Rue Ambroise Paré.jpg.png

Condamner complétement l'accès de l'ILIS à la RD 48 est une décision d'autorité à imposer. Le département doit user de tous les moyens en sa possession de manière à faire appliquer et respecter ses recommandations. Un mort c'est beaucoup trop pour l'exemple à suivre.

Une fois que toutes les dispositions auront été prises pour sécuriser cette voie, je vous demanderai Cher Président, d'appuyer avec moi la demande consistant à donner à une partie de la Rue Ambroise Paré à Loos le nom "Voie Olivier Dreumont". C'est que nous devons à une famille, un père, une mère, un frère, une soeur, qui redisent en boucle "qu'Olivier n'est pas mort le 22 avril 2015 pour rien et que sa disparition doit servir à quelque chose".

Vous comprendrez Cher Président que d'avoir entendu ceci répété à plusieurs reprises, m'incite à vous exprimer ici la nécessité que nous rendions de la dignité à cette famille qui a perdu un fils.

Sachez que les conseillers généraux du secteur que sont votre prédécesseur, Patrick Kanner, qui a pris immédiatement contact avec moi, et Roger Vicot qui a pris contact avec moi ce jour, sont sensibilisés à ce dossier. Par ailleurs, Nicolas Lebas, Maire de Faches-Thumesnil et Vice-Président du Conseil Régional, qui était présent ce 22 avril 2016 à Loos, a également perçu la nécessité d'aller vite maintenant dans la saisine de l'ILIS-Lille 2. En parallèle, les services départementaux continueront de travailler avec les services de la MEL, afin de finaliser les études en vue des aménagements de sécurité que vous avez annoncés. Mais l'urgence c'est que le 22 mai l'accès à la RD 48 au lieu de l'accident soit définitivement condamné.

Comptant sur votre mobilisation et vous redisant mes remerciements, veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes plus cordiales salutations.

Denis Vinckier

Conseiller Régional

23/04/2016

18 juin 2016 : Sortie du livre "Le jeu des 7 familles centristes du Nord"...

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